garder la face

Il répond par la négative. Bon, ça, c'est fait. Il n'y a pas plus clair. Puis il ajoute qu'il veut se venger. Mais de quoi, très exactement ? La dorée soupire, elle n'y comprend pas grand chose. « Te venger de quoi ? » ose-t-elle finalement demander.

Myosotis le laisse se relever sans rien dire. Compte-t-il la laisser plantée là ? Et voilà qu'un nom, qu'elle ne s'attendait pourtant pas à entendre, sors de sa bouche. Bailey. C'était la jument qu'il cherchait lorsqu'ils se sont rencontrés. Il avait l'air préoccupé voir même inquiet. Elle n'ose pas demander plus de détail, de peur de remuer le couteau dans la plaie. Finalement elle se relève à son tour. La dorée ne sait plus trop quoi faire pour lui remonter le moral. Après-tout, existait-il réellement un remède contre les maux d'amour... ?

Involontairement, elle grimace lorsqu'il revient sur un moment délicat de leur rencontre. Elle lui avait raconté son passé, notamment la partie sur Kieser. Il était le seul à connaître son histoire et elle regrettait de s'être confiée. C'était pas le genre d'histoire qui se racontait à n'importe qui et elle ne savait même pas pourquoi elle ne l'avait pas gardé pour elle. « Je ne suis pas la seule à avoir souffert par le passé. » répond la dorée, la gorge serrée. Il suffit de voir aujourd'hui la tristesse de Sueño, on souffrait tous à un moment donné. C'était comme ça. « D'ailleurs je n'arrive pas à comprendre comment on peut se faire autant de mal. » soupire-t-elle, désespérée.

Elle sursaute très légèrement quand elle sent son contact. Un frisson électrique glisse le long de sa colonne vertébrale et elle ne sait pas dire si elle trouve ça agréable ou non. Elle ne sait pas trop comment réagir face à cette attitude pour le moins inattendue... Alors elle se contente de rester immobile, arquant légèrement son encolure. « Ne le sois pas... » lâche Myosotis dans un murmure. On ne pouvait pas changer le passé, de toutes manières.

Tout comme elle l'avait laissé venir jusqu'à elle, elle le laisse maintenant s'éloigner. « Ne t'inquiète pas, j'ai fini par faire mon deuil, depuis le temps. » réplique la dorée, avant de lui adresser un sourire doux et réconfortant. Finalement, avec le temps, elle avait fini par faire des croix sur beaucoup de choses... « J'espère que ça s'arrangera pour toi. » fini-t-elle par souffler, compatissante. Ce n'était pas parce qu'elle ne croyait plus aux belles histoires qu'il n'en existait pas pour autant. « La rivière est polluée... Mais je pensais qu'on pourrait trouver de l'eau potable un peu plus en amont. Ça te dirais d'essayer de voir ça avec moi ? »

Elle prend le pas, aux côtés de l'étalon, pour remonter la rivière comme prévu. Lorsqu'il s'arrête, elle fait de même et tourne la tête vers lui, curieuse. Quelqu'un qui la rend heureuse... ? Elle esquisse un sourire joueur. « Je l'attends toujours. » Myosotis observe rapidement les environs, avant de reposer son regard sur Sueño. Il se montre de plus en plus attentif à son égard et, il faut bien l'avouer, dans le fond, ça la touche. Puis... Elle est plus sensible que d'ordinaire en ce moment. La faute aux hormones, certainement.

Elle fait un pas de côté, pour venir coller son épaule contre la sienne. Puis elle vient glisser sa tête contre son encolure, dans un geste lent et délicat. « Si elle pouvait avoir raison... » souffle la dorée, pensive. Quand elle était petite, sa mère ne cessait de lui répéter qu'après a pluie venait le beau temps... Alors peut-être qu'elle avait raison. « Il faut aussi se souvenir que sans nuit, on ne pourrait pas voir les étoiles. » rajoute-t-elle, une lueur espiègle dansant dans son regard clair.

Elle frissonne sous ses caresses. Une douce chaleur se répand lentement dans tout son corps. Les battements de son cœur deviennent de plus en plus rapides sans qu'elle puisse y faire quelque chose. « Tu ressembles plus à un soleil qu'à la nuit. » murmure-t-elle comme seule et unique réponse. Myosotis en est consciente, si elle reste ici, lovée contre lui, les choses vont déraper. La plus sage décision serait de s'écarter de lui, mais elle n'y arrive pas. Et voilà que ses naseaux glissent de son encolure jusqu'à son poitrail, tendrement, félinement.