le grand retour

Elle trouve sa compagnie douce et agréable. Elle est peu habituée à ce genre de compagnie, il faut dire. Elle ne côtoie profondément et intimement que les membres de son espèces. Des monstres, comme elle, qu'elle griffe autant qu'ils la griffent en retour. Elle a besoin de cet échange de morsures, de ce feu violent, de ces démons qui tournoient autour d'elle comme des rapaces. Pourtant, elle apprécie à cet instant ce moment hors du temps. Comme si elle n'était pas vraiment elle-même. Peu importe, souffle-t-elle avec un sourire fin, commençant à marcher sans vraiment savoir où aller. Au Nord ? demande-t-elle, sa voix aussi brûlante qu'elle aime ces territoires glaciaires.

Elle prend le pas aussi à ses côtés, ravie de pouvoir l'emmener au Nord. Comme si c'était son Royaume. Comme si c'était sa destinée, de vivre là-bas. D'y mourir, aussi.
Elle reste silencieuse pendant un bon bout du trajet, laissant ses pensées dériver sans but réel. Tu viendrais me chercher, si je me fais kidnapper par ceux qui vivent aussi sur cette île ? demande-t-elle soudainement, l'air léger, comme si c'était pas important.

Contre son flanc, elle sent ses muscles se contracter à sa question. Je dis ça pour plaisanter. Je sais pas si quelqu'un parviendrait à me trainer jusqu'à un repère, même si je suis assommée  Pour ça, sans doute lui faudra-t-il de la volonté, en réalité. Mais merci. Elle glisse ses naseaux contre l'encolure de l'étalon, sans se poser de questions, sans entendre ses doutes, juste parce qu'elle en a envie. Elle n'a pas envie de mettre un mot précis sur leur relation, n'a pas envie de s'imaginer et d'avoir peur.

(désolée du retard  )

Elle se met à rire à ses chatouilles, se détendant petit à petit, s'abandonnant un peu, aussi. Alors qu'elle se laisse faire puis qu'elle passe son nez sur l'encolure de l'isabelle, elle sent son regard fermement ancré sur le sien. Elle le lui accorde alors, le poignardant de ses iris noirs, sans savoir que penser de ce qu'elle y lit. Quelle réponse cherche-t-il ? Il n'y a eu aucune question. Elle décide de ne pas s'attarder là-dessus et lui donne un coup de tête en riant un peu. Tu n'as pas des dents assez longues pour me dévorer  

La lionne s'oublie. Elle se détend, son cerveau semblant s'éteindre ; et ses démons s'endormir pour mieux la surprendre plus tard. Mais elle ne pense plus à eux. Seulement au jeu qui se met en place avec le doré, qu'elle observe avec un nouveau regard. Qu'elle voit sous un nouveau jour. Elle tressaille à ses morsures, soutenant son regard profond qui semble s'immiscer en elle lentement. Elle se place alors face à lui, et appuie son chanfrein contre celui de l'isabelle. Elle fixe toujours Sueño dans les yeux, légèrement provocatrice. Prouve-le moi.

Elle boit ses paroles, le suit des yeux sans ciller. Elle a tant besoin d'une pause. Tant besoin d'affection. Tant besoin de savoir, au fond, qu'elle importe pour certains. Alors, elle se jette dans le jeu sans réfléchir. Elle hoche lentement la tête, sans se départir de son sourire malicieux. C'est vrai. Et puis, je préfère être surprise. Ses yeux brillent de malice. Espiègle et, pourtant, tendre, elle glisse ses naseaux sous les crins noirs de l'étalon, caressant sa peau, avant de remonter jusqu'à ses oreilles et de mordre un peu la peau de sa nuque. Mais attention. Moi aussi, j'ai des dents...

Il se rapproche de son visage, ça a pour effet de l'électriser légèrement. Elle le laisse faire, patiente, se demandant jusqu'où il va aller. Jusqu'où il a envie d'aller. On ne veut aller nulle part avec elle. Elle en est persuadée. Ne sois pas si sûr de toi.. chuchote-t-elle sans bouger pourtant.

Elle sursaute légèrement, un peu surprise par son coup de dents, il faut l'avouer. Elle le fixe toujours avec cette noirceur singulière et profonde au fond des yeux ; elle ne s'en ira jamais. Les ténèbres ne déménageront pas. La lionne penche alors la tête sur le côté et tend l'encolure, lui volant un baiser bref et aguicheur, le regard provocateur.