• Partir d'ici. | Spectra

Le léger sourire de la jument fit frissonner le corps entier d'Eldorado, cette nouvelle sensation l'intrigua encore plus, que se passait-il avec elle ? Il se sentait si proche d'avoir les réponses à toutes ses questions.

Tout dépend de toi. Un jour, quelqu'un m'a appris que l'on peut choisir celui que l'on veut être, il suffit d'y croire.

De son coté, Eldorado avait gardé ces paroles précieusement en lui, il avait décidé de ne plus tuer peu importe ce que dirait son double. C'était son premier pas pour rejoindre cette "lumière" qu'il rêvait tant d'atteindre. Oui, il se considérerait toujours comme un monstre, il ne pouvait plus effacer toutes ces morts sur sa conscience mais il s'accrochait aux paroles de son frère.

Oui croire, c'était prendre le risque d'être déçu, l'étalon en avait bien conscience, il était le premier à en avoir subi les conséquences. Cependant, le regard brillant de son frère dirigé vers l'horizon lui avait donné envie d'avancer et de se battre face à ses démons.

Je pense qu'il faut se fixer un but, peu importe ce que c'est et continuer malgré les déceptions, de tout de façon, quoi qu'on fasse, on sera toujours déçu un moment où un autre... alors autant avancer. Je n'en suis pas encore là mais j'ai l'espoir qu'un jour je parviendrais à mon but.

Le grand noir ressentait pour la première fois de la tristesse pour quelqu'un, lui qui avait toujours pensé que ce sentiment n'appartenait qu'aux autres. Tout d'un coup cette envie de comprendre ce qui l'intriguait chez Spectra s'était transformé en un puissant désir de faire quelque chose pour lui venir en aide.
Il baissa les yeux vers le sol, que dire ? Que faire ? Il avait appris à avoir des milliers de visages pour tromper les autres afin de satisfaire l'ego de son double... mais jamais, il n'avait appris à comprendre ses véritables émotions.

Je... je crois que je te comprends. Cette quête du bonheur qui semble inaccessible pour des chevaux comme nous et tellement si simple pour les autres... J'aimerais l'atteindre un jour mais je sens qu'il me manque encore quelque chose à découvrir avant.

L'étalon hocha la tête, trouver le bonheur était si compliqué, il avait mérité quelques bribes de celui-ci à travers son frère mais ce n'était pas suffisant. Ed ne pouvait pas compter uniquement sur lui, il avait beau être merveilleux, Atlas aimait faire de nouvelles rencontres et se détachait de plus en plus.

A nous de trouver comment l'atteindre... C'est possible, j'en suis persuadée mais ça ne veut pas dire que ça sera simple.

Eldorado avait déjà demandé à son frère si le bonheur était quelque chose d'inné, que l'on ne pouvait pas obtenir nous n'avions pas eu cette chance à la naissance. Ce jour là, Atlas avait éclaté de rire, persuadé que le grand noir lui faisait une blague. Il ne lui avait pas répondu et s'était simplement contenté de prendre le pas. Avec du recule, Ed avait compris qu'il lui avait bien donné une réponse à sa question, le tout était de la comprendre.

Je ne te promets pas de le trouver mais si tu le souhaites, on peut le chercher ensemble.

Ses paroles venaient de le troubler une nouvelle fois, lui qui évitait toujours ce genre de phrase, non seulement il l'avait dit mais il l'avait également réellement pensé.

Son regard marron se plongea dans celui de Spectra, son approbation avait de nouveau fait frissonner le corps de l'étalon. Cette étrange sensation d'avoir fait un pas de plus en avant lui dessina un sourire sur son visage. Il acquiesça avec une énergie nouvelle, tournant le regard vers son double qui avait semblé si muet ces dernières minutes. Ses yeux observèrent tout autour de lui, cet "autre-lui" avait disparu à sa grande surprise... Son sourire s'agrandit, il était à présent certain d'être sur la bonne voie.

Allons-y alors, faisons un bout de chemin ensemble !

Il accepta de la tête et prit le pas en direction du pied du volcan. Sa conversation avec Spectra avait réussi à lui faire oublier la chaleur étouffante de cet endroit.

Au fait, je suis désolé pour la dernière fois... Je n'étais pas vraiment dans mon état.

Le noir était soulagé qu'elle ne pose aucune question sur le comportement qu'il avait eu lors de leur précédente rencontre, la froideur de la conversation ne l'avait sans doute pas fait se rendre compte que son double avait pris sa place pour le défendre.

Ce jour là, je m'étais mis à la recherche de quelque chose d'étrange, j'ai la sensation d'être suivi depuis un moment et je voulais en avoir le cœur net mais je n'ai rien réussi à obtenir comme information. Tu avais la même impression que moi ?