Flying? There were times I believed I could

"Elle s'appelait Julia." Contrairement à ce que j'aurais pensé, je n'ai pas ressenti de tristesse en prononçant son nom cette fois-ci. J'ai réussi à le dire sans que ma voix ne tremble, c'est la première fois que j'ai l'impression d'accepter son départ. J'adresse un sourire doux à mon compagnon de route, je voulais qu'il ressente toute la fierté que j'avais envers elle tout comme lui en avait envers son mystérieux chevalier noir. "Elle m'a sauvé la vie aussi, on a été attaqué par un puma." Les images qui me reviennent sont loin d'être agréables, il y a des cris, des larmes et beaucoup, beaucoup de solitudes. Je lève la tête vers le ciel, laissant une timide brise marine me caresser le bout du nez. "Elle n'était ni très grande, ni très forte mais elle avait tout le courage du monde tu sais. Je l'admirerai toute ma vie..."

"Elle s'appelait", le petit Atlas en déduisit que cette jument avait du protéger Esquisse au péril de sa vie. Le frison était tout triste pour la pouliche, à son âge, c'est dur de vivre une perte pareille. Atlas lui apporta un sourire qui se voulait réconfortant, il pointa son nez vers le ciel.

Ce n'est pas la taille qui fait un puissant chevalier, c'est son cœur ! Je suis sûr qu'elle veille sur toi de là où elle se trouve.

J'acquiesce, il a raison. Elle m'a dit que les gens qu'on aime et qui partent de ce monde restent dans les nuages pour veiller sur leurs proches. "C'était ma maman." Je rajoute après un bref silence. Je n'ai pas envie d'être victimisée, non, pas du tout, je n'en vois pas l'intérêt, je tiens juste à lui dévoiler toute l'histoire qui entoure mon chevalier à moi. Celle à qui je peux peut-être espérer ressembler un jour. "Comment il s'appelle l'étalon qui t'a sauvé ? Tu le connais ?"

Je suis ravis d'avoir fait sa connaissance, j'espère la rencontrer un jour quand j'irai dans le ciel !

Atlas ne voyait pas la mort comme quelque chose de triste, imaginant simplement un nouveau départ. Ce qui était difficile, c'était pour ceux qui restait sur terre, attendre de se retrouver devait être une épreuve douloureuse, jamais il ne l'avait vécu et espérait égoïstement être le premier à mourir de ses proches.

Il s'appelle Eldorado, c'est mon grand frère !

A vrai dire, de mon côté, j'envisage la mort de la même façon, comme ma mère me l'a expliqué. Les gens partent quand il le faut mais ils sont là, quelque part, dans les nuages selon maman. Ils nous regardent, nous couvent de leur regard amoureux pour veiller sur nos vies et nous accueillir quand, nous aussi, nous viendrons les rejoindre. "Quand tu iras la rejoindre, je suis sûre qu'elle sera contente de te rencontrer"

Nous sommes côte à côte. lui, géant noir et moi petite boule de poils rousse. Le vent nous apporte toutes les merveilleuses odeurs de la mer alors que les mouettes semblent se disputer au-dessus de nos têtes. Je note soigneusement dans un coin de mon esprit le nom de ce frère au courage immense, Eldorado, en espérant pouvoir croiser sa route un jour. "Elles sont bruyantes tu trouves pas ?" Je finis par déclarer en haussant un sourcil réprobateur, pourquoi s'énervent-elles ainsi ? Est-ce l'heure du repas ?

J'espère bien !

Atlas lui offrit son plus beau des sourires. Son regard se porta sur ces bruyantes mouettes, celles-ci étaient entrain de voleter au dessus d'eux et se chamaillaient de temps à autre.

Haha Qui sait de quoi elles parlent ! J'aimerai bien les comprendre... et aussi voler comme elles !

"Je suis sûre qu'elles se disputent !" M'exclamai-je en haussant légèrement la voix pour couvrir leurs cris stridents. C'était un peu agaçant, j'étais obligée de coucher les oreilles pour ne pas que mes tympans soient vrillés. "Oh ce serait merveilleux de voler comme elles ! Parfois dans mes rêves ça m'arrive, je m'envole très très haut ! Je vais faire du trampoline sur les nuages et je vais jusque dans les étoiles pour faire la courses avec les comètes...c'est moi qui gagne, évidemment !" Je me mis en tête de dévaler la dune au galop, fendant le vent, m'imaginant avoir de grandes ailes dans le dos, déployées et prêtes à me faire voyager par delà la mer. Foulée après foulée, je me sentais légère comme l'air, comme si, d'un bond, je pouvais réaliser nos rêves et aller toucher les astres cosmiques. 

Surement !

répondit Atlas en rigolant avant de poursuivre le galop de la petite pouliche, s'élançant également comme s'il avait lui même des ailes.

Tes rêves ont l'air géniaux ! J'espère que j'en ferai aussi des semblables.

"Oui ! Je m'amuse beaucoup dans mes rêves !" M'exclamai-je sans ralentir l'allure. Je n'étais plus tourmenter par les cauchemars désormais, mes nuits étaient redevenues paisibles depuis que j'avais été sauvé par Njörd. En pleine course, j'allongeai mes foulées pour prendre encore plus de vitesse puis, en arrivant au pied de la grande dune de sable, je pris appuie sur mes postérieures pour finalement les détendre aussi fort que je le pus pour réaliser un saut qui me fit planer quelques instants. Mon atterrissage fut un peu plus maladroit, je titubai mais finalement, je pu garder mon équilibre. Haletante, je me tournai vers Atlas.

Je n'en doute pas.

Le regard d'Atlas se dirigea vers les mouvements d'Esquisse, elle avait prit beaucoup de vitesse et semblait galoper plus allègrement que lors de leur rencontre. Au moment de prendre son "envol", la respiration du frison se coupa, il espérait qu'elle ne retombe pas lourdement sur le sol. Heureusement, elle atterrit convenablement malgré quelques difficultés.

C'était fantastique ! Je ne suis pas capable de faire la même chose .

Le coeur encore battant, j'adressais un sourire plein de fierté au grand prince noir. C'était la première fois que je parvenais à sauter. Avant, le manque de coordination dans mon galop ne me permettait pas de prendre correctement mon élan. Maintenant, comme une grande, j'y arrivais. Comme en écho à notre discussion, je me sentais pousser des ailes, j'avais l'impression que le monde devenait plus accessible. Je n'étais qu'une enfant mais je ne tarderai pas à grandir et à assouvir mes rêves.

Mon regard se posa sur l'horizon. Mes côtes se soulevaient encore visiblement alors que je reprenais peu à peu mon souffle. Le soleil déclinait doucement dans le ciel. Dans quelques heures, il ferait nuit mais avant nous allions pouvoir assister au coucher majestueux de l'astre solaire. Les mouettes volaient en cercle au-dessus de la mer calme, remuée par quelques vagues paresseuses. Je m'assis dans le sable humide et tapote le sol à côté de moi pour y inviter mon ami. "Regardons le coucher du soleil ! Je ne l'ai jamais vu sur l'océan..."

Avec plaisir !

répondit l'étalon frison avant de se coucher sur le sol, le soleil était quelque chose qui l'avait toujours fasciné, auparavant dans sa forêt, il profitait de ce spectacle avec son frère. Il leva les yeux au ciel, c'était bientôt l'heure, tout allait allé très vite et l'obscurité prendrait sa place.

Tu n'as personne d'autre que ta maman pour veiller sur toi ?

Le soleil, mon ami de toujours, allait bientôt laisser sa place à sa consoeur de la nuit. J'aimais le voir quand il allait se coucher, le spectacle me coupait le souffle. Il n'aimait visiblement pas la discrétion et, lorsque dans le ciel il se laissait décliner, il le faisait en nous irradiant de ses feux rouges-orangés. C'était les couleurs que je lui préférais même si, en retour, elles signifiaient que je devais lui adresser mes au revoir pour la nuit. J'adressai un sourire franc à Atlas qui s'était allongé près de moi. "Si." Lui affirmai-je en laissant mes yeux caresser l'horizon qui se paraît d'un camaïeu d'orange. "J'ai été recueilli par le roi des Orosymal, il s'appelle Njörd, c'est ma seule famille. Tu as de la chance d'avoir un frère ! J'aimerais tellement en avoir un aussi..."

Il n'y a pas besoin d'avoir le même sang pour avoir un frère.

Lui répondit Atlas en souriant, dans son cas, il était sûr d'avoir le même sang qu'Ed mais même si ça n'avait pas été le cas, il l'aurait considéré tel quel. Il leva les yeux au ciel, observant lentement le soleil se coucher et rendre le paysage d'un ton orangé magnifique.

Il suffit d'apprécier quelqu'un très fort, au delà de la simple amitié. Du moins, c'est ce que je pense.

"C'est comme ça avec papa, on n'a pas le même sang mais je m'en fiche, je l'aime très fort." Je réfléchissais à ces liens justement. C'était difficile à appréhender pour une enfant de mon âge mais il était clair que Atlas avait raison. Ma famille sera celle que j'aurais choisi, quelque part c'était aussi une chance. "Tu appartiens à une harde Atlas ?" La mienne était d'une prime importance à mes yeux.