Natural

- Quelques fois, oui.
Pas souvent. Trois ou quatre fois à tout péter. J'aime pas beaucoup les ruines, je ne m'y sens pas à l'aise.

Je reste collée à Victory. Mon regard glisse d'une ruine à l'autre. Le vent soulève la poussière. Mes yeux me piquent atrocement et ma gorge me gratte, alors je tousse un peu pour chasser cette mauvaise sensation. Puis j'entraîne la donzelle aux crins argentés dans une sorte de palais, parce qu'il m'intrigue pas mal. P'tre qu'on y trouvera quelque chose de cool.

Tout est sombre là-dedans. J'avance à tâtons, craignant de me cogner contre quelque chose tellement je n'y voyais rien. Mes flancs effleurent parfois quelque chose et je sursaute légèrement.

Moi aussi je ne suis pas très rassurée mais ma curiosité l'emporte sur ma peur. J'avance toujours lentement. Le long couloir étroit débouche sur une immense pièce. Un trône est posé à l'autre bout. Je m'en approche, intriguée.

Les "bipèdes", qu'on appelait aussi "hommes", je les connaissais uniquement via les récits que me racontait ma mère lorsque j'étais plus jeune. J'observe un instant Victory qui s'est approchée du trône, elle aussi.
- Certainement, je réponds. Il n'y a qu'eux pour construire ces étranges choses, non ?

- Tu les connais les hommes ? Je lui demande en glissant de nouveau mes prunelles azurées sur elle.
Moi, je n'avais aucune idée de ce à quoi ils ressemblaient si ce n'est qu'ils marchaient debout dressés sur leur deux pattes arrière et que du coup ils savaient se servir de leur deux pattes avant pour faire beaucoup de choses. Et c'était ça qui les rendaient dangereux d'après ma mère.

- Moi c'est ma mère qui m'en a parlé, elle est née chez eux, je réplique. Et moi aussi je pense que je serai morte de peur si je devais en rencontrer un, j'avoue finalement et un irrépressible frisson glisse le long de mon dos.