Friction _A_

Elle baissa légèrement les yeux, à la fois gênée et honteuse. Aulia ne savait pas quoi faire de la situation, c'était tellement le bordel dans sa tête qu'elle ne pouvait pas penser clairement. J'ai pas l'impression de te mériter, Aël. souffla-t-elle. Elle pouvait tellement être reloue qu'elle n'avait pas l'impression que quelqu'un comme lui pouvait être heureux avec elle. Et puis... Et s'il n'était pas sincère ? Elle s'en voulait d'y penser mais elle n'était pas capable de faire autrement. Elle avait cru si fort qu'Absinthe l'avait aimée... Et pourtant elle n'avait été qu'une distraction pour essayer d'oublier Draggan... Distraction qui n'avait pas fonctionné.

La douceur dont Aël faisait preuve avec elle la faisait sourire comme ça l’effrayait toujours davantage. Et si tout ceci n’était qu’une mascarade? Et si, au final, il s’en foutait un peu d’elle, du moment qu’elle lui offre son corps ? Et si elle n’était que quelqu’un pour le faire patienter en attendant qu’il trouve quelqu’un de mieux ? Et si, et si... Elle avait juste encore tellement peur d’y croire et que ça ne se termine pas bien pour elle. Malgré tout, elle vint se blottir contre son corps chaud et musculeux. Elle qui était pour la plupart du temps attirée par des juments, il fallait bien qu’il ait un petit quelque chose en plus pour qu’elle le soit envers lui aussi. Je... Est-ce que tu veux qu’on essaie, en prenant notre temps ? Qu’on se donne une chance d’apprendre à se faire confiance avant de se lancer dans quelque chose de plus sérieux ? sa voix était faible, presque hésitante. Elle avait peur de se faire remballer.

Une promesse. Encore. On lui en avait fait si souvent sans les tenir. Mais il avait l’air si sincère qu’elle avait envie d’essayer d’y croire. Elle avait envie de lui donner une chance, même si elle avait peur de se retrouver blessée comme elle l’avait été. Comme un oiseau à l’aile blessée, elle avait besoin d’être soignée et d’être apprivoisée. Il y avait toujours des risques que ce ne soit qu’un jeu ou qu’il y ait quelqu’un d’autre. Elle ne s’attendait pas à ce que ce soit éternel, mais elle osait espérer que, si ça devait se terminer, qu’il fasse ça bien. Aulia eut un petit sourire. Il allait devoir travailler pour avoir sa confiance, elle le savait. Elle espérait juste que le temps ne lui faisait pas peur. Je ferai de mon mieux, moi aussi.

Ses yeux se fermèrent doucement à son baiser, qu'elle se surprit à apprécier bien plus qu'elle ne l'aurait imaginé. Et, inconsciemment peut-être, ses muscles se détendirent petit à petit, contre lui. Malgré la douleur qu'elle avait eu à chaque échec, ça lui faisait du bien de se sentir appréciée de la sorte. Ça lui faisait du bien d'y croire encore.

Elle se sentait si bien, contre lui. Il avait réussi à l’apaiser, à la détendre. Elle n’était pas de celles qui cherchaient la protection d’un mâle et elle avait déjà argumenté avec Baïkan à ce sujet. Pourtant, le sentiment de sécurité qu’il lui procurait à cet instant était agréable. Elle leva les yeux vers lui et fronça des sourcils en voyant la tête qu’il faisait. Elle se recula de quelques pas. Peut-être que lui, il n’était pas bien dans cette étreinte ? Ou alors il avait changé d’idée quant à leur relation future. Qu’est-ce qui ne va pas ?

La rouanne soupira, avant de se reculer, se détachant de son corps. Il lui sembla qu’elle avait déjà froid, loin de lui. Elle détourna légèrement le visage lorsqu’il y approcha ses lèvres, bien qu’elle reçut son baiser avec un frisson de délice. Aulia enfonça son regard dans le sien, implacable et indomptable. Tu ne me dis pas tout. Avec ce que j’ai vécu, je sais quand on me cache quelque chose. Ne commence pas comme ça, Aël, j’ai besoin d’avoir confiance en toi, de savoir que tu es honnête avant de me risquer dans une quelconque relation. Je veux pas qu’on se joue de moi à nouveau. dit-elle, sincère. Sa confiance était difficile à obtenir et facile à perdre. Elle savait qu’elle ne serait pas facile à vivre, et elle s’en voulait de compliquer la tâche à Aël, mais c’était le mieux pour eux. Car lorsqu’elle sera vraiment en confiance, elle se savait capable de donner tout l’amour du monde à une seule personne. Mais cette personne devait la mériter.

Ça ne pouvait pas être si grave, non ? À en voir la tête du beau brun, c’était sérieux. Il n’allait quand même pas lui dire qu’il avait tué quelqu’un ? :0 Aulia attendit patiemment, son regard fixé dans le sien. Et lorsque la nouvelle tomba, elle eut un petit sourire en coin. En fait, ça ne l’étonnait pas beaucoup. Ce n’était pas ça qui la ferait prendre peur de lui. Elle se doutait qu’elle n’avait pas été la seule à l’attirer, comme il n’avait pas été le seul pour elle non plus. Je comprends, t’inquiète. lui assura-t-elle, relativement sereine dans ça. Ça ne la dérangeait pas plus que ça en fait, même s’il gardait contact avec l’enfant et donc avec la mère. D’ailleurs, à ce sujet... C’est qui la mère ?