the rain lovers

B O R É A L E

Elle se souvient qu'elle venait souvent ici, enfant. Tout était alors encore si simple. C’était il n'y a pas si longtemps, non ? Son corps venait tout juste de terminer de maturer pour devenir celui d'une jument sûre d’elle. Elle avait pourtant l'impression de rêver d'un passé s'étant déroulé il y a des milliers d’années. Elle s'interroge. Comment un seul événement est il ainsi capable de modifier le cours d'une vie ? De plusieurs vies.

Une odeur se glisse dans ses naseaux. Elle fronce les sourcils et cherche avidement une silhouette du regard. C'est impossible. Comment ? Quoi ? Pourquoi ? Elle ne résonne plus clairement et sans qu'elle s'en rende compte elle s'est mis en mouvement pour chercher, la chercher. Mais après quelques minutes, elle tombe sur un étalon isabelle inconnu et ne peut masquer sa déception, bien que l'espoir aussi impossible fût il, avait emballé son cœur.

A peine ouvre t-il la bouche qu'elle fronce les sourcils et basculent vivement ses oreilles en arrière, sur la défensive et en proie aux excès de colère impulsifs. Mais avant qu'elle ne balance une réponse cinglante, ses yeux s'attardent sur des détails physique de l'individu. Cette démarche bancale. Cette robe d'or. Ces crins de jais. Cette manière de parler pour détourner son malaise. Tout ça, elle se l'était imaginé de maintes fois, car elle n'avait eut de cesse de leur en parler comme d'un trésor. Mais c'est surtout ce regard qui la frappe. Violemment. La contraignant à reculer d'un pas. Je ne m'attendais pas à toi, mais en un sens, toute ma vie je t'ai attendu. souffle t-elle. Elle lui avait tellement parlé de lui que c'était comme si Allie le connaissait depuis toujours. Redjim.

Il sent son regard vagabonder sur elle tandis qu'il l'interroge. Une seconde elle se met à la place et imagine que cela doit être une situation étrange et déstabilisante, qu'elle préfère être à sa place qu'à la sienne. Mais elle le laisse faire, le laisser explorer rapidement son visage, son regard, ses courbes, sans le déranger. Peut être a t-il deviné ? La dernière fille de Lovöjka. La dernière qu'elle ait connu du moins ... rectifie t-elle, sans baisser les yeux, mais avec un éclat amer dans le regard. Elle m'a beaucoup parlé de toi. Tu lui manquais.

Elle sourit à son murmure désolé, sans moquerie et sans amusement, mais d'un sourire doux, presque tendre, réconfortant. Elle parvenait à ressentir sa peine faisant écho à la sienne, et en un sens, c'était rassurant. Voilà peut être le seul membre de cette grande famille dont sa mère lui avait tant parlé dont elle ne serait pas déçue, avec qui elle retrouverait une partie d’elle. Elle n'a pas le temps de lui répondre qu’il la serre soudain contre lui. Allie est d'abord surprise, mais rapidement, elle lui rend son étreinte, se laissant même aller à fermer les yeux et enfouir légèrement son visage dans les crins de jais de son oncle. Boréale se fait violence pour contenir ses larmes, mais lorsqu'elle reprend la parole, sans se défaire de son étreinte, sa voix est rauque d'émotion. Boréale. Je m'appelle Boréale. Et je suis heureuse de t'avoir enfin dans ma vie.

Son petit rire lui arrache un sourire, elle sait. Son nom était en lien avec son sang Leonfrost et Nayati, parfaite jonction entre les deux. Et pour Red, c'est un hommage qu'à fait Lov aux étoiles, aux astres. Peut être ainsi aussi pour marquer la différence qu'il y avait entre elle et ses frères et sœurs, sa première véritable possibilité d'être mère, comme il le souligne l'instant d'après. Allie sourit à sa remarque en s'accaparant son regard. La seule et l'unique. Cela se veut ironique, mais sa bouche se pince. Avec tout les enfants qu'elle a eut, c'est un constat assez désolant. Avant que je ne m'attache à toi, je veux que les choses soient claires. J'en veux aux enfants de ma mère et Asmund, qui lui ont pris la vie en venant au monde. Je les tiens pour responsable et je n'en démordrai pas. Alors si tu décides de me tourner le dos vis à vis de ça, fait le maintenant s'il te plaît. Je préfère souffrir un peu tout de suite, qu'être anéantie plus tard. Son regard n'a pas flanché une seule seconde, le soutenant avec ferveur, et ses mots ne faisant aucuns détours.

C'est à son tour d'être surprise. Honnêtement, elle s'attendait à ce qu'il lui offre un petit sourire contrit et qu'il se retourne, la laissant seule, et elle l'aurait observé partir avec un nouveau poids sur le cœur. Mais non, il reste, et plus que ça, il semble … triste pour elle, compatissant. Cela lui fait une drôle de sensation, une espèce de chaleur se diffuse en elle. Une sensation qu'elle n'avait pas ressenti depuis longtemps, qui avait disparu depuis la mort de sa mère. Allie a envie de le serrer de nouveau contre elle, mais elle se retient, de peur qu'il la prenne pour une folle en manque affectif. Même si ok, c'était peut être un peu le cas parfois.
Au final, c'est elle qui le sort, ce sourire contrit, désolé. Pour la première fois, Boréale baisse le regard devant quelqu'un, légèrement gênée. Je … Je sais qu'une part de moi sait que c'est mal. avoue t-elle avant de relever de nouveau les yeux vers lui. Mais une autre, plus forte, plus grande, a ce besoin viscéral et vital de la venger … Je, j'ai déjà agressé Azsio mais … J'ai pas réussi à aller jusqu'au bout. Ce n'était qu'un poulain, cela aurait été pourtant si facile … Elle soupire, elle est elle même un peu perdue, et pourtant, incapable de renoncer pour autant.

Allie a un petit rire, accompagné d'un rictus moqueur. Je l'ai toujours su ! C'était faux. La noblesse Leonfrost comme il le disait bien, elle l'a toujours convoité et adulé. C'était comme quelque chose de mystique, quelque chose qu'elle ne parviendrait jamais ni à avoir ni à atteindre. Néanmoins, cet air légèrement amer la quitte rapidement et elle finit par lever vers lui un regard doux et glisser sur ses lèvres un petit sourire pincé mais tendre. En langage Boréale, elle lui glissait un Merci silencieux.
Météore, un natif de ces terres. Son peuple, mon peuple, s'appelle les Nayatis. J'm'amusais à m’appeler la princesse de sang mêlée lorsque j'étais enfant. Mais peut être continue t-elle encore un peu à s'amuser à ça. Elle avait eut le rêve d'unifier ces terres. Mais ce rêve c'était transformer en cauchemar, et elle était maintenant consciente qu'elle en était incapable. Racontes moi tout ce que tu as fais depuis la dernière fois que tu as vu ma mère. Ses yeux pétillent de curiosité. Les histoires, elle adore.