Sous la lune qui protège mes nuits //N//

Foudre hoche la tête. " D'accord, je demanderais l'accord à Boréale au préalable. " Elle était la fille du chef. Par conséquent c'est elle qui prendra la décision. Foudre était trop loyale pour prendre des décisions qui risqueraient de mettre en péril son peuple. Néanmoins, si on lui confiait cette mission, elle donnerait son meilleur pour prouver sa valeur. Une autre question lui vient à l'esprit. " Quand est-ce qu'aura lieu l'échange d'otages ? " L'heure et le lieu avait-il été clairement défini ou faudrait-il envoyer un messager ?  

Faucon hausse les épaules. Ils enverront sûrement quelqu'un quand ils en auront eu assez de s'acharner sur Nyveèn. Pour le moment, ils sont sûrement aveuglés. J'espère au moins que sa présence dans leur camp sème la zizanie, pour cela, je suis obligé de reconnaître qu'en ces temps, c'est utile comme capacité. Il imagine très bien l'araignée les piquer, les monter les uns contre les autres. Peut-être voudront-ils s'en débarrasser plus vite ainsi ? Et puis, Aulia a des parents là-bas. Au bout d'un moment, ils convaincront le reste du clan de cesser et de passer à l'échange pour la récupérer. Je pense qu'ils la croient battue aussi, ici. D'un côté, ça serait à leur avantage s'ils la croyaient en danger avec lui, peut-être viendraient-ils plus vite ainsi.

Foudre se mord la lèvre. Connaissant le tempérament impulsif de Bryséis, elle n'était pas certaine que cette dernière ne passerait pas à l'action dans un excès de folie. La noiraude fait non de la tête, et contourne Faucon en le frôlant légèrement. " Ça risque d'être long, et douloureux pour Nyveèn. Pourquoi ne pas envoyer un messager pour exposer nos conditions. Il y a plus de chances que l'on récupère Mygale entière. Et on leur laisse aussi moins de temps pour préparer leurs représailles. " Car ça aussi il fallait s'y préparer. Le clan Ergien entier risquait de réagir. Il est préférable d'agir en premier afin d'éviter de se faire surprendre par une embuscade.  

Faucon soupire. Il sait que Foudre est pleine de bonnes intentions avec ses idées et décisions, mais il ne souhaite pas être un jour dépassé dans son propre plan. Même par une amie chère. Non, assène-t-il froidement en posant un regard plus sévère sur elle. J'apprécie ton implication, Foudre. Mais pour le moment, je n'ai besoin de toi seulement pour surveiller l'otage. Si tu penses qu'ils laisseraient en vie un messager venu tenter de négocier quoi que ce soit... Il pousse un nouveau soupire et étire ses muscles endoloris par la bataille de l'autre jour. Il se laisse finalement appuyer contre le tronc un peu vacillant d'un arbre, reposant un regard plus tranquille sur elle. Nous avons un otage chacun. Il n'y a pas de représailles à craindre pour le moment. Cela m'étonnerait qu'ils s'attendent à être attaqués, eux. Pourtant, ils pourraient l'être, car ils ont Nyveèn, non ? On pourrait effectivement rassembler la Tribu, aller les surprendre, récupérer ma mère et leur foutre une raclée. Mais non. Il la transperce de son pieu glacé. D'abord parce que je ne souhaite pas mêler quiconque à ses représailles. Si un jour il doit y en avoir, c'est sur moi qu'elles tomberont et c'est moi qui subirai. Ni la Tribu, ni toi, ni personne d'autre. Nous ne sommes pas en guerre, j'ai juste un conflit à régler avec eux. Si je te demande ton aide, c'est justement parce que je ne veux pas rameuter tout le monde et prendre le risque qu'il y ait des pertes inutiles. S'ils ne me rendent pas Nyveèn vivante, je tuerai Aulia. L'annonce est froide, dénuée de tout sentiment, de toute culpabilité. Mais ça n'est pas leur but. Une fois l'échange fait, je serai le seul sur qui ils pourront décider de se venger - ou non, qui sait ? Pour le moment, on se contente de ça.

Foudre hoche la tête en silence. Elle ne s'attendait pas à autant de sévérité de la part de l'étalon. Elle courbe l'encolure légèrement pour montrer sa soumission. Après tout, c'est son plan. Normal que ce soit lui qui prenne les décisions. Elle perçoit que ses remarques agacent Faucon même si ce dernier s'efforce à le cacher. Elle se détourne alors pour regarder la carcasse de l'avion. " Je la surveillerais simplement. " dit elle alors d'une voix détachée en insistant sur ce dernier mot. Elle n'est pas vexée, mais peut-être un peu déçue. Foudre aurait aimé qu'on lui confie une tâche plus importante. Son regard se pose sur les ténèbres de la jungle. Elle plisse les yeux comme pour discerner la silhouette de la rouanne à travers le hublot de l'appareil.  

Faucon entend et ressent sa déception. Il soupire, déçu de lui-même d'avoir été si sévère avec une de ses meilleures amies, si ce n'est la seule qu'il ait réellement ? Il se rapproche et passe ses naseaux entre ses crins noirs. J'ai demandé à Boréale son aide parce qu'elle était présente lors de l'enlèvement. Quand j'ai pensé avoir besoin d'une autre aide en plus, j'ai directement pensé à toi. Merci d'avoir accepté, ça m'aiderai énormément. Il veut la rassurer, lui montrer qu'elle a un rôle, que bien peu en ont de ce côté-ci de l'affrontement, sinon lui et Boréale. Même à Narval, présent lui aussi, il n'a pas cherché à l'impliquer par la suite auprès de la captive. Il veut qu'elle se rende compte qu'elle est utile et qu'il a confiance en elle.

Foudre ne lui adresse pas un regard lorsqu'il s'approche pour farfouiller dans ses crins. Elle ne dit rien, mais se laisse facilement amadouer par ses paroles. Ses muscles se décrispent, elle se détend doucement. La noiraude ne dit rien, car il lui reste encore un peu d'orgueil, ce mauvais caractère qui la caractérise tant, mais les traits de son visage se font de moins en moins sévères. Ses oreilles basculent même vers l'avant. Sa queue se panache légèrement pour décrisper ses muscles lombaires. Sous l'effet du massage, elle laisse une légère odeur de phéromones se déverser, sans vraiment en avoir conscience.

Et ce caractère de cochon, Faucon le connait bien Depuis qu'ils sont tout petits, il la connait comme ça alors il sait très bien comment la dérider. Méthode Faucon quoi. Un petit massage et hop, c'est réglé Et cette odeur, forcément, Faucon la sent lui, toujours. En ce moment, c'est terrible ! Il sent ses muscles se tendre légèrement mais ne laisse rien d'autre paraître sinon cela, continuant son petit manège avant de cesser brusquement. Tu voudrais pas un cocktail aussi, avec ?

Foudre reste buté dans son mauvais caractère. Mais même si elle essaye de rester de marbre, les caresses sont trop agréables. Elle finit par se laisser aller complètement, libérant une pluie de phéromones. " Mmhm.. uniquement si c'est un cocktail au jus de carotte ! " rétorque t elle en venant lui mordre la joue. Oui oui mordre. Pas pincer. Elle sait pas faire dans la demi-mesure.

Faucon fait mine de réfléchir, se concentrant en même temps pour ne pas montrer combien l'odeur qu'elle dégage peut avoir de l'influence sur lui. Il reste impassible, comme toujours. Finalement, il arrête de la gratouiller et répond distraitement, taquin : Eh bien mince alors.. pas de carottes ici Il lui retourne rapidement sa morsure à la joue, sans pincettes, sans gêne non plus. Et puis, il lui mord même l'autre joue, pour exagérer au plus haut point

Foudre laisse échapper un hennissement strident. Elle se cabre à moitié pour éviter les assauts de Faucon. Qu'est ce que c'est chiant ces rapaces. Elle se recule en ronflant des naseaux bruyamment pour montrer sa contrariété, frustrée de ne pas avoir son cocktail qu'il lui avait suggéré quelques instants plus tôt. Foudre repère une silhouette bicolore qui s'immisce dans la carcasse de l'avion. Elle reconnait aisément la fille du chef. " Boréale surveilles Aulia, on va manger ? " propose t elle en dressant l'encolure. Son regard plein d'intérêt se fixe dans celui de l'étalon.

Il se met à rire franchement, amusé par la situation et aussi de l'embêter à ce point Il aime bien la taquiner comme ça. Il acquiesce et prend le pas, dos à l'avion, pour s'en éloigner. Mais j't'ai dit qu'y avait pas de carottes au menu, hein

La jument est bien contente que Faucon se détourne de l'avion pour se changer les idées. Elle profite pleinement d'avoir son ami rien que pour elle. " Mhm... pas de carotte ? Impossible. J'ai confiance en tes talents de pisteur ! " s'exclame t elle en relevant la tête de manière snob, comme une petite princesse. Elle se lâchait complètement aujourd'hui, loin de la Foudre garçon manqué et sauvage de d'habitude. Ses chaleurs la rendaient plus docile, plus charmeuse, et plus taquine aussi.  

Et Faucon a bien noté ce changement de comportement mais cela n'est pas pour lui déplaire. Il lui offre un sourire tout aussi taquin, trottinant le nez au vent, ses pas gracieux. Mes talents de pisteur ont plus de chances de nous mener à un loup qu'à une carotte siffle-t-il en riant, agrémentant ses paroles d'un clin d'oeil. Amusé, il ralentit quand ils regagnent le passage pour rejoindre l'Île. J'pense qu'il doit y en avoir quelques-unes au garde-manger, après tout, les récoltes sont amassées pour qu'on se serve

Foudre le laisse prendre la tête de la marche. Elle n'a pas envie qu'il mette la tête dans sa croupe. Lorsqu'ils arrivent au garde manger, Foudre dévisage les nombreux fruits avec envie. " Tu penses qu'on a le droit de se servir ? Je croyais que c'était réservé au banquet de la fête de Nüna. " dit elle en s'approchant dangereusement d'un tas de cerises. Elle ressemble à un loup affamé prêt à fondre sur sa proie. Ses pupilles sont dilatées à leur maximum et de la salive lui monte à la bouche.