fire on fire

N A R V A L

Narval venait de passer son tour de garde, ayant relayé la surveillance de l'île à un autre gardien. Il ne s'était rien passé de particulier aujourd'hui, mais comme à chaque fois après une garde, il se dirige vers la source pour se laver. Il pourrait s'y rendre les yeux fermés mais comme toujours, il est à l'affût. Et instinctivement, quelque chose le dérange. Ses naseaux se pincent de contrariété, et son regard polaire devient plus glacial encore. Une silhouette inconnue trône dans le bassin convoité. Fantomatique, il ne ralentit pas pour autant sa progression et se glisse silencieusement à ses côtés, mais en restant au sec sur la berge. Elle semble avoir le même âge que lui, mais il n'a jamais vu cette intruse auparavant. Que fais tu ici, étrangère ?

Ses yeux hypnotiques se faufilent sur son corps que l'eau dévoile à moitié, laissant assez de matière pour apercevoir son physique travaillé, musculeux. Cela ne le choque pas, ne le séduit pas non plus. Il avait l'habitude du physique féminin de sa mère, des traits fins et tranchants, mais bon nombre des gardiennes des Nayatis possédaient un gabarit semblable à cette étrangère. Tu peux te reposer chez toi. réplique t-il, implacable, l'océan glacé de son regard revenant de nouveau au sien. Je répète donc ma question : que fais tu ici ?

Narval n'est pas vraiment d'un naturel provocant et railleur, ce qui ne le fait pas rétorquer sur le fait qu'elle devine qu'il est ici chez lui, contrairement à elle. En réalité, cela m'importe peu. Cela ne sera pas forcément le cas des autres Nayatis. rétorque t-il, d'une voix maîtrisée et calme, l'observant sortir de l'eau, son corps mouillé et mis en valeur se mouvant vers lui. Ses yeux glissent de nouveau jusqu'aux siens, curieux. Cherches tu à m'impressionner ? Sa demande n'est pas moqueuse, pas mesquine non plus. Il cherche perpétuellement à apprendre, à comprendre, à analyser.

Il fronce un instant les sourcils, son regard se faisant plus intense et insistant dans le sien, sa tête se penchant légèrement de côté. Non. tranche t-il, net. Et je ne comprends pas comment tu arrives à en venir à cette conclusion. Il n'y a rien de logique à son raisonnement, cela le laisse perplexe bien que d'apparence il est toujours aussi lisse et froid que le marbre.

Le serpent qui se mord la queue, ils ne se comprennent pas l'un l'autre, ils risquent de tourner en rond indéfiniment. Son soupire, son ton sec, ils dévoilent sa contrariété. Mais pourquoi l’est-elle ? Mais s'il pose la question il sent qu'ils vont repartir dans une boucle infernale et déplaisante. Il opte pour autre chose. Parce que je t’observe, parce que je te vois. Forcément, si il la regarde, il la voit. Mais il la voit, tout ce que le langage de son corps veut bien lui dévoiler d'elle. Tu es fière, forte, assurée, provocante. Alors impressionner, c'est certainement naturellement que tu le fais. Et je suis certain que cela doit être efficace. Ses yeux glacés ont quitté les siens le temps de lui dévoiler la brève analyse qu'il s'est faite en un court instant, les faisant glisser sur son corps dans une caresse invisible et froide. Avant de revenir les loger dans ceux de l'ibérique de manière directe et abrupte. Habituellement du moins. À son tour de se montrer un peu provoquant.

La raillerie cynique de ses mots grincent à l'intérieur de ses oreilles mais soit, il n'en laisse rien paraître. Il focalise plutôt son attention sur son sourire qu'il trouve diabolique mais curieusement attrayant. À peine commence t-elle à s'approcher de lui qu'il braque de nouveau son regard dans le sien. Narval se fait violence pour ne pas reculer autant que nécessaire pour retrouver une distance appréciable et sécuritaire entre eux. Aux mots de Faucon, il a besoin de sortir un peu des sentiers battus qu'il s'est imposé lui même, mais qui pour lui semblent naturels et logiques. Il ne recule donc pas, mais ne fait rien pour l’attirer plus encore à lui. Tu ne sembles pas dénuée d’imagination, surprends moi. murmure t-il à son tour, d'une voix légèrement rauque, et sans qu'il ne le cherche vraiment, aux nuances suaves.

Elle se rapproche et il se fait violence pour ne pas reculer et accepter qu'elle pénètre son espace. Il sent leurs souffles s'entremêler et c'est une sensation étrange qui l'assaille. Une sensation mêlant dégoût et curiosité. Excitation presque. L'excitation de l'inconnu. Quelqu'un d'autre que Faucon ou sa mère a t-il déjà été aussi proche de lui ? Néanmoins, un goût amère lui caresse malgré tout la langue.
Les deux propositions qu'elle lui offre sont alléchantes. Et les deux sont impossibles. Lire en lui ? Elle est bien sûre d'elle, il en est incapable lui même. Lui mettre la raclée de sa vie ? Il était né dans l'incapacité de ressentir la moindre douleur. Elle s'imposait elle même des défis qu'elle ne pourrait remporter, sans qu'elle ne le sache néanmoins. Je te laisse le choix. Néanmoins rendons les choses un peu plus … Intéressantes. Aucun sourire ne prend place sur sa bouche pour laisser transparaître son intérêt, il reste toujours aussi hermétique. Que gagnes tu si tu réussis ? Qu'est ce que je gagne si tu échoues ?