La vie est telle. [LIBRE]

Après tant de nouvelles lui réchauffant le coeur, Elektra se décidai enfin à redécouvrir un monde, un monde où elle ne serait plus jamais seule. Galopant, la crinière au vent, la soeur de Kaly et à présent princesse n'accordait plus aucune importance au paysage ; tant et si bien, qu'elle arriva vers une caverne. Le souffle court, la géante aux couleurs claires s'avance, intrépide. ▬ Il y a quelqu'un ?, se risque-t-elle d'une voix saccadée.

Elektra plisse les yeux, sans distinguer d'autres formes que des cailloux. Pourtant, l'odeur d'un inconnu est bien présente. Insouciante, elle avance encore un peu, heurtant une forme allongée sur le sol. Pas de doute ; c'est l'autre cheval. ▬ Oh je ... pardon !

C'est tel un fantôme que la femelle avait surgit, souriant de toutes ses dents, arrachant un sursaut à la jolie pie. Elle plisse encore les yeux, s'habituant à la pénombre. Elle est là, devant elle, toute en finesse. Endormie. En plus de l'avoir bousculée, Elektra l'avait réveillée. Gênée, elle danse d'un sabot sur l'autre. Que dire ? S'excuser encore une fois ? C'est que la femelle en face d'elle n'a pas l'air de lui en vouloir. Alors lui rends un sourire. ▬ Vous dormez souvent par ici ? cette question est peut-être nulle. Elle l'est même, à coups sûrs. Mais Elektra est maladroite. Elektra, au fond, n'est qu'une enfant.

Il est vrai que la température est beaucoup plus fraîche ici. Elektra hoche la tête, un petit sourire s'étirant sur ses lèvres. ▬ J'en oublie la politesse : Je me nomme Elektra. Est-il utile de préciser qu'elle est la soeur de Kaly ? On verra avec le temps. Si l'inconnue révèle son prénom, c'est un point de gagné vers la sociabilisation. Non ?

Brooklyn. C'est doux, c'est joli. Une petite pointe de mélodie et de voyage se mêle au prénom de la jument campée en face d'elle. ▬ Enchantée aussi, Brooklyn. Et à dire, c'est tellement plus doux. Le sourire qui taquine les lèvres d'Elektra s'étire de plus belle. ▬ J'aime beaucoup votre prénom. Oui. C'est sincère. Et puis tout un tas de questions vient bousculer la tête de la jolie grise. D'où viens-tu ? Tu es seule ? Attends encore un peu, Ele'.

Longtemps ? Elle ne sait pas. Elektra a toujours erré et son existence n'a prit de l'importance que le jour de ce fameux galop. Elle mordille ses lèvres, secoue un peu la tête. ▬ Oui, un certain temps. Pas la peine de s'attarder sur un passé effacé. Vraiment pas la peine. La noire s'est rapprochée d'un pas, Elektra peut sentir l'odeur qui accompagne la femelle avec plus d'intensité. ▬ Et toi ?

"Pas vraiment". Est-ce une façon de couper court à la conversation ? Elektra gratte nerveusement le sol rocailleux avec un sabot. Aucun signe d'agressivité ici, juste la nervosité. Que dire, que faire ? Cette inconnue ne semble pas méchante, mais une aura étrange est perçue par la belle grise. Par mimétisme, elle secoue elle aussi ses crins clairs. ▬ Vous êtes seule ? La voilà repassée au vouvoiement. Etrange ...

▬ Je croyais l'être. Elle baisse les yeux. Jusqu'à très récemment, elle croyait l'être. Pourtant, Kaly avait surgit comme dans un rêve. Son frère. Et puis Lina et Athéna étaient de la même famille qu'elle à présent. Non, je ne suis plus seule. Finit les temps où la géante galopait sur des plaines vertes à en perdre le souffle, à en perdre la vie. Aujourd'hui, elle pouvait de nouveau faire face. Elektra sourit, ancre son regard dans celui de Brooklyn. Son sourire est doux. ▬ Nous pourrions peut-être ... devenir amies ? Elle se sentirait moins seule la noireaude. Question niaise. Mais aux yeux d'Elektra, c'est très important.