danser au bord du vide. L

Les naseaux dilatés, complètement déboussolée, l'alezane eut envie de s'enfouir six pieds sous terre quand la grise s'approcha. Ses membres tremblaient, menaçant de céder sous son poids. Elle paniquait visiblement, le coeur battant la chamade. Elle observait autour d'elle, sans avoir le moindre point de repère. « Où est-ce que je suis ? » Fit-elle en fronçant les sourcils, se décalant de quelques pas.

Caelis s'approcha encore alors que Mara baissait la tête, confuse. La grise se plaça devant elle, calmement, sans peur et sans la moindre hostilité. A la crête...sur Galop Sauvage. Elle désigna le pays qui s'étendait autour d'elles des naseaux.

Hécate. L'Hécate apparaît derrière elles, invisible. Un nombre improbable de corbeaux l'escortent. Et dans une bourrasque, elle est là, à la robe blanche et transparente. Elle lâche comme toujours, le même cri de ceux de sa mort. Ceux, affolants, apeurants, ceux qu'elle a poussé lorsque, brûlée vive, elle mourrait. La déesse voulait semer la zizanie dans leurs esprits, et pas que. Des flammes blanches les encerclèrent.

Lunaio n'était déjà pas très rassurée par ce qui était en train de lui arriver. Un sévère maux de crâne l'avait prise, et elle ne parvenait pas à mettre de l'ordre dans ses pensées. Elle se sentait triste, mais ne savait pas pourquoi. Soudain, une espèce de forme équine apparut plus loin, entourée de corbeaux, et bientôt les trois équidés durent encerclés par les flammes. Les yeux écarquillés, Lunaio cherchait une sortie, son instinct la poussant à fuir.

Caelis aperçu la silhouette, penchant ses oreilles en avant. Mais dès qu'elle se rendit compte que c'était un fantôme, la grisette les rabattit et se cabra. les flammes les encerclèrent. Elle n'aimait pas ça, vraiment pas. Caelis gronda, grogna, se mit à piaffer, et finit collée contre Lunaio autant pour la rassurer que pour se rassurer elle-même.
Le poil hérissé par ce hurlement horrible, Mara se mit à s'agiter. Mais elle ne bougea pas, sentant une chaleur étrange, comme celle du feu, non loin de ses postérieurs. La palomino aveugle hennit plaintivement, perturbée par la panique de sa mère plus que par ce qu'elle ne pouvait voir.

Son aura blanche grésillait comme un hologramme, mais elle est bien là, bien vivante, ou presque. Alors que ses petites proies, à ses yeux pitoyables, s'agitaient, la grise commençait à s'exciter. Elle ricana, de ce rire froid, moqueur, sadique, sachant pertinemment que cette petite chose ne pouvait absolument rien contre elle. Pour lui montrer qui commandait, de sa divine force elle l'aplatit au sol. Ses yeux brillèrent d'un éclat glacial, et les flammes d'albâtre s'intensifiaient, léchant presque le petit groupe.

de l'acharnement ?

Ces espèces de flammes se rapprochaient, et l'alezane ne savait pas comment réagir. La dite Caelis s'approcha d'elle, se collant à son flanc comme si elle souhaitait la protéger, mais cette apparition démoniaque la plaqua au sol par on ne sait qu'elle force. Surprise, la jument sursauta, poussant un hennissement aigu et plaintif, souhaitant que tout ceci s'arrête, se pensant dans un cauchemar.

Caelis, tétanisée, protégea sa tête et sa nuque derrière ses antérieurs. Subitement paniquée, elle battit des postérieurs pour l'atteindre. Mara, dans son coin, piaffait. Elle sentit une flamme un peu trop proche et bondit en avant, s'arrêtant un mètre plus loin, se cabrant à demi et piaffant encore. Caelis supplia Lunaio de l'aidée par le regard.

Comme ce fût plaisant de dominer, de faire de ces pauvres loques des esclaves! Elle jubilait de son pouvoir. Sa crinière fantômatique flottait doucement au dessus de son encolure. La vile déesse darda son regard glacial sur la jument à terre. Cette sotte avait compris la leçon. Et soudain, elle disparut à leur vue, s'éclipsant pour de bon. Et de là, Les flammes s'éteignaient, la jument grise retrouva sa liberté, comme si l'instant terrifiant fut un songe. Mais, en était-ce vraiment un?

( out pour hécate )

Quand Lunaio entreprit d'aider la jument grise à se relever, l'apparition fantomatique avait déjà disparu. L'alezane aida donc Caelis à se relever, sans chercher plus loin.

Libérée, Caelis accepta l'aide de Luna bien volontiers. Tremblante, recouverte d'une écume blanche, elle manqua de chanceler. C'était franchement plus flippant que Ramsès. Mara mâchait de l'air, tendue. Tout semblait s'être calmé. Enfin. La grisette remercia l'alezane brûlée d'un sourire fébrile, et rejoignit sa fille. Je...je crois...je crois qu'on va y aller..à une prochaine Luna! Derrière le trouble et le vide du regard de Mara, on voyait une certaine sympathie pour Luna. Elle aurait voulut lui parler plus longtemps...tant pis. Mère et fille prirent le chemin de la maison, après avoir esquissé un dernier sourire vers Lunaio.