Filons comme des étoiles lointaines, comme des comètes. |cae

putain j'avais un beau message et là ça beug.. J'me rattraperais... :(

« Comment leur en vouloir, après tout personne ne sait ce que la petite Caelis mijote dans son coin. » Pour se jeter dans la gueule du loup, il fallait soit être complètement stupide ou un génie. Avoir un plan d'attaque solide ou une motivation qui vaille le coup de vendre son âme et son corps à la perversion. On en sortait probablement fous. Du moins, pas intact.

Mais, Caelis était déjà à moitié cinglée, plus imprévisible qu'avant, et fourbe comme jamais. Elle n'était pas une épave comme bien des Gsiens ayant croisé Ramsès, mais un bateau fantôme: furtive et imprévisible. Le picoté l'avait rendue ainsi, à petit feu. C'était bien le cas de dire qu'elle mijotait, doucement, avant d'être à point et de sortir ses cartes. Ses As. La grisette sourit. Ah, oui, mystère...va savoir. Ses crins ébouriffés par le vent lui donnaient vraiment un air de folle. Pour changer de sujet, la demoiselle lui renvoya: Vas-y, t'as fait quoi pour que...qu'il t'engrosse? Elle la rejoignit en quelques bonds, souriante et curieuse. Visiblement, elle n'avait plus de cartes, et s'en donnait à cœur de danser sur les tables...mais les cartes, les bonnes, peut-être les chipait-elle en douce, inaperçue? Elle, si maladroite, autrefois si impulsive, était-elle plus maline qu'elle ne le faisait croire?

Elles étaient probablement deux à danser de la sorte. « J'ai remarqué que plus l'on vit, plus l'existence se fait comme une partie de poker. Soit on gagne, soit on perd. Quand on doute, on se couche. » Fit-elle avec un sourire ironique sur les lèvres. Etait-elle à deux doigts de se coucher ? C'est ce qu'elle s'amusait à faire croire. Jouer aux faibles, c'était tellement facile. Faire croire qu'elle n'était qu'une idiote assoiffée de vengeance, c'était encore plus facile. Sauf qu'elle ne vengerait pas sa mère directement. La raison de son combat n'était peut-être pas celle que l'on pouvait croire.
« Quelque chose que tu ne croiras certainement pas. » Et pourtant, Luna savait parfaitement que cela pouvait toucher la sensibilité de la mère qu'était Caelis. Voilà encore un avantage qu'elle avait sur elle : elle n'avait pas encore d'enfant à protéger. N'avait aucun instinct maternel pour le moment. Elle n'était pas encore faible, son esprit n'était pas affaiblit par la pitié. Il y aura beaucoup de dommages collatéraux, mais elle parviendra à ses fins.
Pour sa liberté.

Le paysage était plat, désertique, sablonneux, et elles étaient trop loin du Sphinx pour qu'un équidé caché là-bas puisse les entendre. Ainsi, la grisette savait qu'elles pouvaient parler sans crainte que les murs ne perçoivent leurs discussions. Effectivement, Ramsès avait beau être le maître de la partie, Lunaio et Caelis étaient des As maquillés en valets. Exact.
La grisette haussa les épaules. Sait-on jamais. Mais, les enfants de la demi-sang étaient devenus grands, Mara était veillée par son père, Iwa...se débrouillait très bien, et Orenç également. Et puis, tous trois faisaient parti des Jolly Rogers. Mais ça, elle l'ignorait.
En somme, elle ne croyait pas Luna quand celle-ci lui disait qu'elle était faible. Égarée, sans doute. Sans défense, certainement pas. Elle souffla: Toujours est-il que, la guerre approche. Et pour une fois, on a une raison de s'allier: Ramsès. Et Apophis. Un certain contact m'a renseigné sur leur point faible, mais ils ont un avantage. Ils sont deux. Alors, si tu le veux bien, soyons deux également. C'est notre unique chance, on est de celles qui les connaissent le mieux Luna, on peut les battre. Ou au moins les prendre au piège. On pourra toujours reprendre nos disputes après. La grisette se redressa. Elle espérait que l'alezane la suivrait, et elle avait des raisons: Luna déteste Ramsès, il a tué sa mère, et la mentor de Caelis du même coup. Toutes deux se connaissent depuis si longtemps qu'elles savent comment peut réagir l'autre, et qui plus est, elles ont suivis des chemins similaires.

Luna poussa un soupir. Elle pourrait aisément croire étant donné l'attitude si désinvolte de la grise, qu'elle rapportait aussi des informations aux jumeaux. Cependant, elle osa penser que Caelis ne pouvait la trahir. Elles se connaissaient depuis bien trop de temps et après tout, la seule vraiment capable de trahison c'était bien l'alezane. D'elles deux, c'était cette dernière qui avait le moins de sentiments et de considération pour le monde. Caelis avait des enfants, une famille à protéger. Luna n'avait que des résidus à peine considérables. « Qu'est-ce que tu as à me proposer pour riposter ? »

Oui, mais Caelis venait d'abandonner ses trois rejetons adorés pour un en gestation dans son ventre. Et Budapest, qu'elle avait laissé se débrouiller avec un territoire en plein chaos. Il ne lui restait qu'un mince sentier surplombé de pierres prêtes à lui tomber sur la tête, son unique chance de les retrouver. La grise ricana malgré elle, dressa ses oreilles, puis pouffa de rire sur elle-même. D'attendre. Attendre le bon moment. Nous rapprocher le plus possible des jumeaux, les mettre en confiance....et au front... Elle se pencha à l'oreille de Luna: Au front, les monter l'un contre l'autre. Trouver des faux témoins, qui doivent bien sur détester Ramsès ou Apophis, les deux au mieux. Qui prétendront avoir entendu Apophis dire qu'il trahirait son jumeau pour prendre son pouvoir. Tu vois?

Lunaio haussa un sourcil en entendant le plan de la grise qu'elle trouvait plein d'erreurs. Elle ne comptait pas la suivre si elle souhaitait établir un tel plan. « Ca ne marchera jamais. Pour quelqu'un qui prétend bien les connaître, tes connaissances semblent avoir des failles. » Elle ne s'engagerait pas avec Caelis si cela risquait de faire foirer ses propres plans.

Caelis mâchait de l'air en rabattant ses oreilles. Et qu'est-ce que tu proposes de mieux?

La grise venait de prouver dans quel camp elle était rien qu'en lui confiant tout cela. Même si cela aurait pu marcher, Lunaio aurait eu de quoi la faire chanter après ça et tout rapporter à Ramsès. Cependant, elle-même servait un autre camp : elle-même. « J'ai déjà fais part de mon plan à Budapest. » Fit-elle calmement, observant la réaction de l'arabe.

La demi-sang la considéra d'un air méfiant. T'es de quel camp au final, Luna? Tu le détestes plus, Budapest? Caelis se posait presque la question à elle-même.

« Être dans un camp n'inclue pas d'aimer les membres. » Fit-elle calmement, ses paroles sonnant avec un semblant de sagesse. Et cela sonnait à double tranchant.

Sa queue grise fouaille l'air d'agacement. Ouais, au cas oui tu saurais pas, je vois plus Budapest. Alors, c'est quoi ton plan?

« Budapest devra se rendre à Ramsès. » Commença-t-elle calmement après avoir balayé les lieux du regard. « Il devra prendre ses meilleurs guerriers, et ces derniers devront savoir se mettre à couvert, sans se faire repérer à cause du vent ou des yeux aiguisés de Ramsès. Quand Ramsès se jettera sur Budapest pour le tuer - car c'est ce qu'il voudra faire - ils interviendront et tueront Ramsès. » Elle garda un long silence par la suite. « Evidemment, d'autres devront être là car Apophis apparaîtra à coup sûr. Ils attendront qu'il se montre et l'attaqueront à leur tour. » Et si il fallait, Lunaio avait encore d'autres idées.

Caelis faillit s'étrangler à nouveau en entendant qu'elle voulait précipiter Budapest dans un piège tendu à Ramsès. Si celui-ci ne marchait pas, l'étalon pie serait abattu sur le champ. Qu'est-ce qui te prouve qu'il viendra seul? Il voudra être sûr de son coup! Elle secoua la tête, dépitée. Et Budapest avait accepté.

« J'ai conclu un marché avec Ramsès. Il me fera confiance. » Fit-elle calmement, avec un léger sourire. Son plan était en pleine mise en place.