born to die.

Caelis ne faisait que passer par là. Fixant le sol en réfléchissant, elle ne s'était pas tout de suite rendue compte de la présence de Brooklyn. Puis quand elle l'avait entrevue, bien assez tôt, elle avait fait mine du contraire. L'avertissement eu pour effet de lui faire rabattre ses oreilles ainsi que de bondir de côté. Elle aimait bien cet endroit pour une seule raison: c'était calme, rares étaient les équidés qui venaient ici. En revanche, elle détestait toutes les autres caractéristiques du lieu. Et encore plus quand Brooklyn s'y trouvait. La grisette se contenta de la contourner, la surveillant du coup d’œil haineux et méfiant.

Caelis connaissait Budapest. Elle savait qu'en ces chaleurs, lui ou Brooklyn, un des deux auraient fléchit. Elle ricana doucement. Et toi? Ses yeux pétillaient de malice et...de moquerie. Non pas de moquerie. Plutôt de sous-entendus.

Caelis renâcla. Elle cessa de sourire et rabattit ses oreilles, sa queue fouettant rageusement ses flans. Je n'ai pas besoin de ça pour rester en vie: je suis une mine d'information, Ramsès le sait. Il veut me garder parce que je peux lui servir, et qu'en dehors, je deviendrai trop dangereuse: s'il me tue, les centaines d'amis que j'ai - qu'il a déjà blessés - ne laisseront jamais passer ça: il signerait son arrêt de mort immédiat. Je suis une bombe, ma chère. Caelis ne dévoilerait rien, car la raison n'était pas ça. Cependant, s'en était des très bonnes, de bons arguments. Elle continuait de se faire passer pour une imbécile, une folle, une résignée, alors que personne ne voyait - et personne ne verrait, elle y veillerait - que le compte à rebours est lancé. La grisette menait bien son jeu. Elle pensait: Me faire prendre par Ramsès me laissera en vie juste le temps qu'il faudra.

La manipulation, Caelis y était accoutumée. Brooklyn n'avait pas été la première à en user, dpeuis, elle se méfiait. Ah bon? Peut-être qu'il te ment... Elle leva un regard blasé vers le ciel. La grisette renâcla. Elle aussi avait changé: La sécheresse du lieu, le manque d'eau, avait fait que ses crins, autrefois longs et brillants, deviennent plus courts, plus légers, plus secs sans être en mauvaise santé. Le désert, la grande quantité de soleil avaient éclairci sa robe, sa silhouette se faisait plus svelte à force de galoper sur le sable, matière instable. Elle aussi, avait des cicatrices - et pas un petit nombre -, notamment sur les flans, résultats de coups et blessures, mais aussi de sa maladresse. De prédateurs et de chutes.

Ou aux deux. Corrige-t-elle. Caelis ne se prêtait plus attention aux dires de ses ennemis, sauf quand elle voyait une faille, et qu'elle était sûre de son coup. Elle n'avait cependant pas fini, elle: Ton fils est devenu un bien beau jeune homme dis donc! Une reine de cœur? Une reine de cœur. Elle avançait une carte en faisant mine que c'était la seule, l'unique.

Je ne crois pas, non. Vous avez le même tic. Dit-elle en secouant la tête, très sérieuse, puis en mordant l'air à l'instar de la noiraude et de son fils. Cette histoire, ça lui donnait d'autant plus de capacités, alors, elle était prête à en user un peu. Certaines bouches parlaient d'un certain Solheim, et d'autre d'un certain Murphy, en parlant de la même personne. Iwa parlait de Solheim, et Mara, de Murphy. Celle-ci, en parlant avec sa mère un jour, s'était questionnée tout haut sur le fait qu'il avait deux prénoms. Il s'appelle bien Solheim non?

Caelis, satisfaite, n'en laisse rien paraître. Elle recule ses oreilles, incline ses naseaux balafrés sur le côté. Touchée coulée, ma vieille. Remarque, t'as fait du bon boulot: il est dominant des Nordiques. Sa queue fouette nerveusement ses flans.