born to die.

Pas totalement? La grisette ne dit rien, mais n'en pensait pas moins. Ses naseaux frémirent. De toute façon, Lunaio a déjà un plan. Si il échoue, ça pourrait être un plan B. Voir...les combiner, ce qui éviterait des blessures inutiles à...mes amis. Et à ton fils puisqu'il est dominant. Tu connais sa stratégie ou pas? La grisette n'était pas sûre que les deux juments se connaissent. Mais cependant, c'était probable. La fille de Miu n'était pas étrangère aux personnes du style de Brooklyn, généralement.

Si elle connait Lunaio ? Bien sûr. C'est son apprentie. Elle n'en dit rien, pourtant. « fais ce que tu veux, caelis. si ton plan échoue, tu seras au moins la seule à en pâtir. » lâche-t-elle en la fixant longuement. De toute façon, elle sait que son sort, à elle, est déjà scellé.

Celui de Caelis aussi, de sort, était décidé. Elle le connaissait. Enfin Brooklyn! On est fichues, et alors? Prenons au moins ce cher Ramsès avec nous! Fit-elle, un peu vexée.

Brooklyn se met à rire. Un rire lugubre. « tu es encore jeune, on ne peut pas t'en vouloir. » Elle affiche un sourire triste en l'observant. « une fois qu'il m'aura tuée, je vais avoir du mal à le tuer en retour, si tu veux mon avis. » Elle inspire à fond. « mais toi, tu n'as commis aucune faute grave. tu peux encore sauver ta peau. »

Caelis mâche de l'air, puis lève les yeux au ciel. Je voulais dire, y a des chances qu'on y passe aussi. Elle balaya le sujet d'un vague mouvement de la tête. Elle s'enfonçait. Aucune faute grave? Non, mais j'en ai fait plus que tu ne peux les compter. Et j'en ferai tôt ou tard. Je suis tout aussi fichue que toi, si ce n'est pas Ramsès qui m'abat, c'est un autre dégénéré qui m'accusera de traîtrise ou va savoir quoi d'autre. Et puis j'en ai assez, dès que j'ai accouché et que ce petit peut s'en sortir sans moi, je mettrai les voiles. Si j'y arrive. La grisette lâcha un rire ironique et soupira.

Brooklyn rive ses deux tombeaux noirs lourdement sur la jeune grise. « tu crois vraiment qu'il te laissera partir ? » Elle la fixe sans ciller, droite comme un I, la voix chargée de sous-entendus.

Ignorant ses sous-airs, Caelis pouffa: Non, bien sur. Après avoir laissé planer un silence, elle ajouta: Pourquoi tu ne rejoins pas Budapest, si tu te sais condamnée?

Elle renâcle, fort. Et la foudroie du regard. Elle avance d'un pas. « tu es si égoïste que c'est ce que tu ferais, toi ? donc tu le condamnerais aussi ? » siffle-t-elle, incapable de se faire à cette idée.

Caelis recule ses oreilles. Non, j'irai combattre à ses côtés, au lieu de broyer du noir dans mon coin. Fit-elle d'une voix neutre quoiqu'un peu nostalgique. Elle ne regarde pas Brooklyn, ne cherchant pas à la provoquer, pour une fois.

Heureusement que son ton semble détaché, car sinon, Brooklyn l'aurait pris pour elle et ça serait moins bien passé. « ce n'est pas ça. tu ne saisis pas, je crois. quand ramsès va apprendre que je suis pleine de quelqu'un d'autre que lui, il me tuera. si je change de camp pour rejoindre budapest, il nous trouvera, et il nous tuera tous les deux. » Elle a beau avoir été entraînée et n'avoir toujours connu que des victoires dans sa vie, elle sait bien que si elle doit redouter quelqu'un, c'est son propre dominant.

Caelis reposa son regard sur la noiraude. J'ai de très bon amis en dehors, si tu leur dis que tu viens de ma part, je suis sûre qu'ils te protégeraient...quand à Budapest, c'est une masse, il n'est pas mauvais en combat et quand nous étions "ensemble", il me jurait à chaque moment compliqué qu'il ferait tout pour me protéger. Ce devrait être pareil pour toi... Soupire la grise malgré elle. Mais tu as raison, si tu veux mon avis, rester derrière Ramsès est la meilleure chose à faire. C'est comme pendant les orages, il faut attendre que ça passe, que le temps change...ou filer entre les éclairs en prenant des risques. Trop de sagesse en elle quand elle est pas en plein dans sa folie.

Brooklyn pose ses yeux sombres et sans fond sur la grise. Elle soupire légèrement, lassée de se battre. « caelis, c'est gentil d'essayer de trouver une solution pour moi. » fait-elle d'une voix étrangement compatissante. Presque amicale. « je vais sur mes quinze ans. des situations périlleuses, j'en ai connu. toi aussi, mais tu es plus jeune. il y a un moment où il faut accepter qu'on prenne ma vie contre toutes celles que j'ai pris durant la mienne. »

La grise hausse les épaules, détourne le regard. Peut-être, mais toi t'as encore quelqu'un à aimer. Et tu mets presque personne en danger. Caelis renâcla. Quoi que je fasse, je finirai par mettre mes enfants en péril. L'Egypte c'est ma prison. Mais bientôt je donnerai naissance à une clé, et ils seront libres de faire leurs choix sans que ceux-ci dépendent des miens. Les jumeaux n'auront plus aucun moyen de pression. Elle posa un regard qui en devenait presque effrayant sur Brooklyn. Elle allait se servir de Chaodence pour obtenir la liberté, et il faudrait agir vite. Elle ne visait plus la liberté des terres, mais la sienne. Tout le monde me prends pour une traîtresse, mais si je fais la moindre erreur, les jumeaux tueront tous mes proches. Je suis une bombe à retardement. Cette fois, une lueur de détresse prit place dans son regard. Galop Sauvage rendait les bonnes personnes mauvaises, et les mauvaises personnes bonnes.

Pour une fois, Brooklyn aurait envie de lui dire comment réussir. À se sauver, à sauver sa peau, à sauver les siens. Mais elle n'a aucune solution à exposer à la grise et renâcle, avant de pousser un profond soupir qui entraîne ses yeux noirs vers le sol. « je n'ai aucune solution miracle à te donner. profite de ceux que tu aimes le plus possible. » murmure-t-elle avant de faire quelques pas, comme si elle allait s'en aller. Mais elle tourne la tête vers Caelis, comme si pour la première fois, elle trouvait quelque chose qui les unissait.