☾ Time to do or die

Il l'écoute en frissonnant. Oroszlàn n'a pas eu une enfance et une adolescence facile, mais il sait qu'il y a bien pire que lui, et peut-être que la mouchetée en fait partie. Il souffle doucement, en signe de respect et de compassion sincères. « Je suis navré. » fait-il d'abord, lui envoyant un petit sourire, comme on offre une fleur. Oui, il est désolé. Pour elle.
Il aurait aimé sauvé toutes les personnes sur terre qui en aurait eu besoin.
Pourquoi n'a-t-il donc pas réussi à sauver son propre père ? Tu n'es pas mon père, mon père n'est plus là depuis longtemps, ne te prends pas pour LUI ! Ses cris d'enfant sont encore là, dans son crâne, derrière ses yeux quand il les ferme, le soir. Une des raisons pour lesquelles il ne dort pas beaucoup. Pas la nuit, en tout cas. « Tu as le mérite d'avoir réussi à t'enfuir. Et à survivre, après ça, ce qui ne devait pas être évident. »

Moon lui rend son sourire, avec douceur et humilité. La compassion d'Oros' lui fait chaud au cœur. Rare ont été les réels contact chaleureux dont la jument avait pu bénéficier depuis la mort de ses parents jusqu'aujourd'hui. Malgré son caractère relativement chaleureux et enjoué, au fond, Elune souffrait d'une solitude bien différente de celle des autres. Je reste pragmatique tu sais. Il y a toujours pire que nous autre part et je ne pense pas avoir vécue la pire des tortures. J'étais enfermée, certes, mais j'avais à manger, à boire et de quoi survivre moralement. Son bourreau avait eu maintes occasion de la briser et ce n'avait pas faute d'avoir essayé. Mais elle était restée forte. Et puis je n'allait pas me laisser mourir sans avoir jamais connu l'amour et le monde extérieur Amour, qu'elle ne connaissait toujours pas d'ailleurs.
Continuant doucement sa route, de son pas légèrement dansant, la mouchetée se perdit quelques instants dans ses pensées, elle aussi curieuse d'en savoir plus que 'Zlàn. L'étalon semblait avoir une part de mystère et d'ombre bien cachés, qui, irrémédiablement, attiraient Ellie. Tournant finalement la tête vers lui, toujours en souriant, la belle rouvrit la bouche. Et toi, accepterais-tu de me parler de toi ? Chacun avait ses secrets, ses petites choses qu'ils ne voulaient pas que l'on découvre. Et s'il ne voulait pas en parler, libre à lui. Elune comprendrait.

Il admire son côté humble et sa sincérité. Elle a de belles qualités, que sa séquestration ne lui a visiblement pas ôté. Il l'écoute, sans l'interrompre, et à la fin de son récit, il se permet un fin sourire. Pour la taquiner – ou pour en savoir plus aussi – il lui donne un petit coup de museau, l'air taquin. « Et donc tu as.. connu l'amour ? » lance-t-il en croisant son regard avant de le détourner, en observant ensuite autour de lui. Il est vrai qu'il est de nature curieuse, même si le respect du silence de l'autre est bien plus forte chez lui que l'inspection.
Puis la question tombe. Il aurait dû s'y attendre, au fond, non ? Mais non, il pensait sans doute qu'il passerait au travers. Bien sûr, il pourrait choisir de ne pas lui répondre, d'éluder sa question, de la contourner, de la fuir avec habilité. Mais non. Il ne s'en donne pas le droit. Après tout, elle lui a répondu et raconté, ne peut-il pas le faire en échange ?
Après quelques minutes de silence, sans savoir s'il va se décider à parler, le Lion ferme doucement les yeux, sans cesser de marcher pourtant. « Je suis né ici, de l'union de deux êtres passionnés unis non pas par l'amour mais par la folie, le temps d'une nuit. Chacun des deux avait son propre démon en lui. Ma mère portait l'âme de Bastet, mon père celle de Lucifer. Leur union a été électrique, fusionnelle, destructrice. » Il hausse les épaules, rouvre les yeux, lui offre un petit sourire, comme si tout ça faisait de lui un monstre. « La réalité, c'est que ma mère a un soucis, mais que mon père, lui, était réellement fou. C'était l'ancien dominant du Nord. Le Roi Fou. Il a sombré dans la pire des folies possibles : celle de la possession. Il n'était plus lui-même. Parfois oui, parfois pas. Quand il l'était, il me racontait tout de sa vie, toutes ses relations, pour que je puisse me souvenir de tout. Quand il ne l'était pas, il faisait du mal à ceux qu'il aimait. Il a même commis un viol. Sa folie n'excuse pas ses erreurs et les choses graves qu'il a faites, mais certains disent encore du mal sur lui aujourd'hui. Pour moi, il était... tout. Mon idole, mon roi, mon Dieu. »
Il pousse un soupir. Aujourd'hui encore, il n'a pas fait le deuil de son père, de cet être qui lui manque, qu'il admire toujours autant, et qu'il espère ne jamais décevoir. Il poignarde la grise d'un regard sombre et mélancolique lorsqu'il achève son récit, d'une voix éloignée, appartenant à un autre temps : « Je n'étais qu'un yearling encore lorsqu'il a provoqué la bataille. Entre lui et l'autre. Personne ou presque n'est intervenu, ils regardaient tous le spectacle macabre comme des voyeurs malsains. » Aujourd'hui encore, il leur en veut. À tous ces yeux et ces oreilles, qui ont assisté au massacre de son père sans intervenir, sans bouger. Et qui racontent encore aujourd'hui qu'il était simplement fou. « Je me suis rendu compte que Murphy – c'était son nom, son vrai nom – n'était plus là depuis longtemps, et qu'il avait été remplacé entièrement par l'entité démoniaque, qui se faisait appeler Solheim. Alors, j'ai mis fin à tout ça. Je l'ai poussé, il est tombé à l'eau et s'est noyé. » Il s'est arrêté, la gorge serrée, la voix brisée par l'émotion. Il n'a pas souvent raconté l'épisode tragique de la mort de son père. Il n'a pas souvent avoué qu'il avait été celui qui l'a tué. Il tremble un peu. Au fond, il est resté ce gosse traumatisé. Tu sais, Oros, tu seras le Lion du Nord. Tu seras le plus grand, et le plus fort. Aie confiance. Et surtout, n'oublie jamais qu'un jour, Satan aussi a été un ange.

Pouffant à la question du mâle, la jument eu du mal à garder son sérieux en lui répondant. Pas encore Mais bien vite, la plaisanterie fut remplacée par autre chose. À vrai dire, elle ne s'était pas attendu à ce qu'il lui répondes, à ce qu'il lui comte son histoire. D'ailleurs, il aurait pu refuser. Et pourtant. Écoutant le récit du dunalino sans l'interrompre, Moon laissa nombre d'émotions paraître sur son visage, sans pourtant émettre le moindre son. Et lorsque finalement Oroszlàn s'arrêta, la voix cassée par l'émotion, la douce s'approcha de lui, frôlant doucement sa ganache, du bout des naseaux. Tu n'as pas à t'en vouloir. S'était-il attendu à ce qu'elle le juge ? Qu'elle agisse comme les autres ? Mais Moon n'était pas les autres. Ses parents l'avaient élevée de manière à ce qu'elle puisse être capable de voir le meilleur de chaque personne qu'elle rencontrerait, malgré tout le mal qui pouvait régner dans ce monde. Quelque part, peut-être qu'elle avait toujours été destinée à quitter sa vallée. Murphy, Solheim, qu'importe ? Il était ton père et tu l'aimait. Et par amour, tu l'as, en quelque sorte sauvé. Lui confia-t-elle ensuite, avec un doux sourire.
Peut-être qu'Oroszlàn était resté ce jeune ado déboussolé. Peut-être qu'il est resté ce gosse traumatisé. Mais à en juger par ce qu'elle voyait et entendait, il avait tout de même su devenir quelqu'un. Quelqu'un de bien. Et si tu veux un avis extérieur, je penses que tu étais le seul à pouvoir l'aider. En finir avec tout cela, avec la folie de son père, les ragots et autres. Moon n'était pas très douée avec les mots et elle espérait que ce qu'elle essayait de faire passer suffirait à l'aider. Au moins.
Et de ce que tu m'en dit, ton père était malgré tout quelqu'un de bien. Tu n'es pas lui, il n'était pas toi. Et rien ne t'empêche de perpétuer sa mémoire. La mémoire de Murphy. D'ailleurs, tu dois être le meilleurs de lui même. Le meilleur de tes parents Certes, ils ne se connaissaient pas beaucoup. Mais c'était déjà cela de dit. Et leur proximité, aussi physique que morale, ajoutait au dramatique de la scène ( )

Les larmes lui montent rapidement aux yeux. Depuis quand ne s'est-il pas laissé aller ? Sûrement la dernière fois qu'il a pleuré, c'était contre le poitrail de Nox. Quand il était encore si jeune. Une perte de plus. Il ferme les yeux pour chasser sa tristesse, sa culpabilité. Il accepte les mots de la grise avec réconfort, mais son esprit est borné, et nul mots ne pourraient réellement le raisonner. Il lui faudra du temps. Encore du temps, toujours plus de temps.
Mais il lui adresse un sourire chaleureux, touché par ses mots, par ses contacts, par ses attentions. « Merci.. » chuchote-t-il seulement en se raclant la gorge. Il reprend doucement leur chemin, lui jetant quelques coups d'oeil de temps à autre, sans avoir imposé de distances dans leur proximité. « Tu dis que je ne suis pas lui, parce que tu ne l'as pas connu. » Il lui offre un petit sourire, pâle mais réel, avant de soupirer. « Ceux qui l'ont connu disent souvent que je suis son portrait craché. Il n'y a pas si longtemps, je suis tombé amoureux d'une jument. Je pensais mes sentiments réciproques... mais en réalité, les siens étaient destinés à mon père. Elle nous a presque confondu, inconsciemment. » Il secoue la tête, soupire de nouveau, puis hausse les épaules pour balayer cet épisode. « C'est la vie. » Il lui offre de nouveau un sourire, un peu plus coloré.

La vie d'Oros', en apparence si belle, avec son statut de dominant et sa jovialité, était en réalité bien plus sombre que cela. Tout comme elle, il avait eue ses période sombre, dures et traumatisantes. Et comme elle, mais avec plus de difficulté, il s'était battu pour s'en sortir. Avec plus ou moins de réussite. Répondant avec douceur au sourire de son compagnon de route, Moon repris son chemin, de concert. Je ne l'ai certes pas connus, mais malgré toute la ressemblance physique qu'un fils peut avoir avec son père, aucun enfant ne peut-être son parent. De par son vécu déjà et ensuite son caractère. Chacun à un caractère qui lui est propre. Même si certaines ressemblances se faisaient souvent sentir, les copiés/collé de parents -> enfants étaient impossibles. Tout le monde est unique 'Zlàn. Toi aussi.
Et à l'annonce des sentiments du dunalino vers une jument inconnue, Elune éprouva un pincement au cœur. Surprise, elle marqua un temps d'arrêt dans sa marche, secoua la tête, puis repris son chemin, comme si de rien était. Elle avait l'étrange sensation d'être déçue. Mais pourquoi ? Elle l'ignorait. Je suis désolée ... Décidément, il n'avait pas de chance ... Un père malade, une mère à problème, une enfance douloureuse et un amour à sens unique ... Et il avait l'air si triste. Alors, faisant un petit pas sur le côté, Moon bouscula son ami, flanc à flanc, avant de bondir en avant. Attrapes mois si tu l'oses ! Lui balança-t-elle, dans la fraîcheur du soir tombant.

Il hoche la tête, sans répondre. Sûrement a-t-elle raison, mais les différences sont parfois trompeuses, les apparences aussi, certes. Pour le Lion, tout n'est pas qu'illusion.
Son masque de jovialité s'est vite envolé au conte de son histoire. Oroszlàn n'est pas cette image de sagesse et de gaieté qu'il porte si souvent. Pire encore, il existe encore un visage de lui qu'elle ne connait pas : celui du monstre, celui de la violence, ce sombre animal qui sommeille en lui comme un prédateur. Et la proie n'est incarnée que par ses faiblesses.
Il hausse les épaules. « Ce n'est pas grave. Je suis passé à autre chose. » Il se souvient de la dernière fois qu'il a croisé Aslaug. Leurs rapports sont devenus si froids, si distants, si électriques.
Puis, soudainement, l'ambiance change et se transforme en jeu. Retrouvant aussi rapidement le sourire qu'il l'avait perdu, le Lion bondit à sa suite. « Viens ici ! » gronde-t-il, se prenant au jeu en la coursant.

Ce n'est pas grave. Je suis passé à autre chose. Passé à autre chose. Soudainement la déception laissa place à une sorte d'espoir, pour une raison que Moon ignorait totalement. C'était une sensation ... étrange. Mais la mouchetée ne s'en formalisa pas, continuant à faire l'imbécile, galopant droit devant elle, parfois faisant un bon sur le côté, usant de son adresse, afin d'éviter les "attaques" de 'Zlàn. Nope ! Tu m'auras pas euh ! :run: Lui répondit-elle, toujours en galopant, la queue sur le dos, fière d'elle.

Passé à autre chose, oui. Parce que la vie continue, n'est-ce pas ? Comme il avait fallu continuer après la noyade de son père. Après le meurtre de Nox. Après les responsabilités acquises quand il a eu le territoire. Après la déception ressentie face à Aslaug. Continuer. Encore. Tenir debout, pour soi-même. Et pour toi, papa.
Il continue de la courser, mais il doit bien avouer qu'il n'a pas sa vitesse et sa vivacité. Il est trop lourd pour ça, il est forcé de le reconnaître. Mais, comme à chaque fois qu'il se livre à une course poursuite, un instinct étrange et malsain s'empare de lui. Celui du prédateur. Comme si une partie de son âme appartenait, comme le disait si bien Murphy, à celui d'un Lion. Après tout, c'est bien ce que veut dire Oroszlàn n'est-ce pas ?
Alors, il coupe, et disparait du champ de vision de la grise, peut-être, du moins l'espère-t-il. Il ne cherche pas à la prendre de vitesse, parce qu'il ne l'aura pas ainsi. Mais en choisissant une courbe parallèle et sinueuse, il se retrouve rapidement.. perpendiculaire à elle. Et il la percute, prenant garde toute fois à ne pas lui faire mal, de son corps musclé.

N'ayant pas remarquée la manœuvre de l'étalon, Moon continue son cirque, galopant joyeusement droit devant elle, sens se rendre compte que plus le temps passait et plus la nuit tombait, ainsi que les températures. Jetant un coup d'oeil derrière elle, la belle se rendit compte qu'Oros' ne la suivait plus. Et à l'instant où elle allait ralentir, inquiète, une masse la percuta au niveau de l'épaule, la déséquilibrant. Elune eu juste le temps de tourner la tête pour comprend de qui il s'agissait et, emportée par la "force" du choc, elle tomba. Mais pas seule. S'accrochant délibérément à la crinière de son ami, la mouchetée l'entraîna dans sa chute, avec un grand éclat de rire. Ok, t'as gagné Accepta-t-elle, sans vraiment se rendre compte de leur position

Il lui tombe donc dessus Avant de se relever, il se redresse à peine pour ne pas écraser son corps si fin du sien, et la dévisage lentement, ses grands yeux noirs et vifs posés sur elle. Il la regarde comme s'il allait la bouffer, comme s'il était un vrai prédateur Il cligne des yeux, avant de rire avec elle et de se relever prestement, histoire de ne pas prolonger la position ambiguë et que cela finisse en malaise.
Lorsqu'il observe de nouveau les alentours, la nuit est entièrement tombée. « Allez, debout, il faut y aller. »

Riant elle aussi, Moon finit par se rendre compte du genre de position dans laquelle elle se trouve. Et cette fois, son cœur fait un énorme bond dans sa poitrine, sans qu'elle ne comprenne le comment du pourquoi. Se redressant à son tour, la moucheté s'ébroue, se donnant une nouvelle fois contenance. Mais qu'était-il donc en train de lui arriver ? Tu as raison ... mais nous ne sommes plus très loin. Acquiesce-t-elle avec un petit sourire, plus timide que le précédents.

Et le Lion ressent cette timidité, l'étrange sensation qui la parcourt, et il baisse un peu les yeux. Il hoche la tête, passant près d'elle avec un coup de tête affectueux. « Alors allons-y. »

Et elle le suit, frissonnante de froid, mais pas que. Le contact avec 'Zlàn l'a subitement électrisée, allez savoir pourquoi. De longues minutes de silence s'en suivent, Moon ne sachant quoi ajouter à tout cela, perdue dans ses pensées. Jusqu'à ce que les frontières de l'Occident se dessinent devant eux. S'animant soudainement, la jument se redresse, secoue la queue. Nous y voilà. Merci de m'avoir raccompagnée, à bientôt je l'espère ! Déblatère-t-elle, pour cacher sa gêne nouvelle. Puis elle s'éloigne rapidement, de plus en plus étrange.

[ OUT. On en refais un ? :3 . Mais où il s'est passé un peu de temps hein ]

oui ça me va pour en refaire un