» moi, je veux des fraisoo.

Céleste.
Ca, c'est moi à l'instant présent où je me trouve dans ce champ :
Manger. Me goinfrer. Gober. Avaler. M'empiffrer. Dévorer. Arracher. Mâcher. Imploser.

Il faisait peut-être un peu trop doux pour le gris qui marchait tranquillement dans le champ de fraises, mais cela ne l'empêchait pas d'arracher quelques fruits au passage et de les manger. L'enfant renard était encore bien loin de l'inconnue, c'était peut-être mieux ainsi.

Tout en continuant de marcher sans regarder où il allait, l'étalon de trois ans rentra dans le derrière de quelque chose et s'arrêta net, relevant la tête, le regard fantomatique.

Le gris quant à lui ne bougeait plus, observant le spectacle que lui offrait l'inconnue en plongeant tête première dans les fraises et en se submergeant d'un rouge vif. C'était une situation plutôt cocasse et pourtant, le regard voilé d'une indifférence opaque ne se détachait aucunement de son visage.

Il posa un regard bien neutre sur la jeune femelle en face de lui et ronfla bruyamment des naseaux avant de repérer dans ses crins un de ces fruits rougeâtre. tomoe tendit l'encolure et vint approcher son museau de la tête de l'enfant tout en attrapant la fraise entre ses dents, l'avalant par la suite. Le renard recula la tête et contourna doucement l'adolescente pour continuer son chemin.

L'étalon gardait le silence et baissa la tête, n'appréciant pas ceux qui se rapprochait trop de lui et son regard se tourna furtivement vers la jeune femelle, froid. Le mutisme était son atout ou son désavantage, mais dans cette situation, l'envie de parler était bel et bien absente. L'une de ses oreilles s'applatirent contre son crâne alors que l'autre demeurait en suspend dans les airs, étrange. Il s'ébroua un bon coup, car plus tôt, l'inconnue lui avait balancé des morceaux de fraises sur son dos et ça l'agaçait un peu, cette sensation. Mais, quelque chose chez lui était particulièrement mystérieux et après un moment, alors que l'étrangère l'avait rejoint en quelques foulées seulement, l'enfant renard s'arrêta brusquement. « Pourquoi? » lança-t-il, sur un ton bien frissonnant et dépourvu d'émotions.

Doucement, il se tourna vers l'inconnue et posa son regard indéchiffrable dans le sien, si frissonnant. Il approcha son visage du sien, sans trop se coller à elle et souffla doucement de l'air de ses naseaux, laissant la chaleur se déployer sur le visage de l'adolescente. L'enfant renard semblait bien sérieux et terrifiant, mais son mutisme était bien plus pire que ces deux adjectifs. Son regard la dévorait, sans même détourner son regard et ses yeux ne clignaient aucunement comme s'il tentait d'y lire quoi que se soit, mais dans le sien, c'était illisible. L'impassiblité de son être entier faisait désormais partit de sa personnalité et de sa personne, l'étrangère serait probablement inconfortable face à cet individu.

Après quelques minutes dans le mutisme, le mâle qui n'était pas si laid que cela, haussa un sourcil, même si cela pouvait être impossible et abandonna le silence pour quelques mots. « Je n'ai jamais eu besoin de le faire. Je ne suis pas tout le monde. » rétorqua-t-il, en se montrant apathique et insensible.

Il se remit à marcher en silence, laissant ses pas l'amener à un endroit inconnu et ne se souciant plus trop de quoi que se soit. La femelle lui posa une question et il resta bien sérieux. « On m'appelle '' Le renard ''. C'est ainsi que l'on m'a toujours appelé. » dit-il, en ronflant bruyamment des naseaux, imperceptible dans le sens d'insaisissable et imprévisible. Autrefois, quand il était poulain, un petit être poil s'était accaparé de '' l'affection '' de Tomoe et depuis, ce petite animal qui était un renard avait disparut. Pourquoi? Le gris l'avait tué.