La danse des comètes

▲ Chao fronça des sourcils imaginaires lui aussi, arborant un air de famille avec son fils. Comme plus que d'habitude. Il allait ajouter la raison mais son fils posa justement la question. Du mal, elle n'oserait pas. Mais elle ne l'accepte pas et elle est jalouse. Il soupira, leva les yeux au ciel. Il n'avait même pas son mot à dire, c'était de pire en pire. Mais il l'aimait trop pour ne serait-ce qu'envisager de la recadrer, par crainte de la perdre encore.

Mécontent, Hönir laissa échapper un court grondement, qui apparût plus comme un râle qu'autre chose, tandis que ses oreilles entamaient une étrange valse. Un instant pointées, elles allaient se perdre dans son épaisse crinière ébène la seconde d'après, au fil des paroles du bicolore. Jalouse, maman ? Mais de quoi ?! S’insurgea-t-il, ne comprenant décidément pas le comportement que lui rapportait son paternel. C'est quand même bizarre ... elle a déjà été mère une fois, pourquoi agir ainsi maintenant ? Si ses parents avaient décidé de se remettre ensemble et de s'unir une nouvelle fois, c'était d'un commun accord. Aelwënn avait donc été voulue. Alors pourquoi bon sang de bonsoir Harmonie agissait-elle ainsi avec sa petite sœur ?

▲ Chao secoua négativement la tête et ronfla des naseaux. J'en sais rien. ¬¬ Et ça valait pour les deux questions, en guise de réponse. Et c'était vrai. Il n'avait pas la moindre idée de ce qui incitait sa Belle à agir ainsi.

À la réponse de son père, Hönir compris que ni lui ni le bicolore n'aurait de plus ample réponse avant un moment. Laissant alors un soupir lui échapper, l'isabelle s'étira. D'ailleurs je n'ai toujours pas réussi à la retrouver ... et c'est pas faute d'avoir quasiment totalement ratissé galop sauvage ...

▲ Chao secoua négativement la tête. Il venait de quitter Harmonie (physiquement parlant) et comprenait mal comment elle aurait fait pur rester cachée, surtout avec leur fille entrain de caracoler dans tous les coins. Il n'imaginait pas que la belle avait peut-être fuit la fille jusqu'à quitter les terres. Comment ça?

L'isabelle grimaça, comme s'il venait de faire une gaffe. Bah j'arrive pas à la trouver quoi ...

▲ Chao écarquilla ses yeux et plaqua ses oreilles contre sa nuque. Naseaux dilatés, il chercha du regard une silhouette qu'il ne parviendrait de toute façon pas à trouver. Lui et Harmonie étaient liés depuis si longtemps qu'il ne pouvait admettre de la perdre encore une fois. Qu'il paraissait fébrile, pour une fois.

Hönir secoua la tête, mécontent lui aussi. Sa mère était partie sans prévenir son père et sans même prendre le temps de voir son fils. Simplement parce qu'elle avait du mal avec sa propre fille. Il trouvait cela lâche et totalement irréfléchis. Seulement, l'ibérique avait appris à ne pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tuée. Après je l'ai peut-être loupée au détour d'un territoire ... galop sauvage est si grand ! Dit-il, plus pour sa rassurer et rassurer son père que pour affirmer qu'il se trompait.

▲ Chao tenta de se calmer, centrant son attention sur son fils. Il acquiesça. Oui, surtout qu'on ne connait pas encore ces nouvelles terres dans le moindre détail. Il soupira, puis ronfla des naseaux, frustré de la situation.
Il préféra changer de sujet tant que son fils était là: Et toi, tu as l'air d'avoir eu de sacrées aventures ces dernières années?

Hochant la tête en signe d'approbation, Hönir jeta un regard circulaire tout autour de lui. De là où ils étaient, père et fils pouvaient aisément étendre leur regard sur plus de la moitié de galop sauvage. Sans pour autant en voir toute l'étendue. Mais bien vite Chao' changea de sujet, visiblement perturbé de ce que venait de lui dire son aîné. Et, inévitablement, la discussion revint sur ce dernier. Oui ... J'ai vécu trois ans comme Gardien auprès d'un ami-roi qui m'a appris toutes les ficelles du métier. Raconta l'isabelle, son regard se perdant au loin, dans ses souvenirs.

▲ Chao avait du mal à imaginer ce que Gardien signifiait. Sur Galop Sauvage, il n'y avait pas de tel rôle. Il tenta d'en savoir plus: Gardien? Ami-roi?

Visiblement, son père ne comprenait pas ce qu'il essayait de lui dire. Laissant échapper un petit sourire, l'isabelle bougea légèrement, changeant de pied d'appuis. Là où j'ai vécu durant ces trois ans, j'avais de nombreux ami. L'un deux était le fils du roi et il lui a succédé peu de temps après mon arrivée. Nous étions proches. De ce fait il a décidé de faire de moi son Gardien. Même s'il était capable d'assurer lui même sa sécurité, le roi se devait d'être présentable, afin de ne pas effrayer son peuple par un éventuel physique atypique résultant de diverses blessures. J'ai toujours voulu devenir quelqu'un de bien. D’honorable et de respectable. Commença Hönir, reportant son regard au loin. Un brin nostalgique, on sentait dans sa voix qu'il regrettait un peu de ne pas avoir pu rester. Il m'a apprit à me battre. À écouter. À modérer. Mais aussi à désamorcer les conflits autrement que par la violence. Là bas, j'ai découvert qui j'étais et ce pourquoi j'étais fait. Protéger était sa vocation. Car oui, l'ibérique se complaisait dans son rôle d'Ombre de Roi. J'étais à la fois son ami, son confident, son protecteur et l'un de ses conseillers. Et très vite, la place de Gardien m'est revenu. Là-bas, le Gardien est le chef de la garde royale, si je puis dire. Le peuple est tellement grand que gouverner seul ou se déplacer seul en toute sécurité lui était impossible. D'ailleurs, de nombreuses tentatives d'assassina on pu être déjouée rapidement. Et puis un jour, un monstre de lubie est venu le défier. Un étalon malsain, aux idées sombres et lubriques. Un combat de champions, de combattants à été organisé. Et ce fut tout naturellement que mon ami me nomma champion du roi. L'isabelle pouffa, se rappelant de la tête du challenger lorsqu'il l'avait vu arriver sur le lieu du combat. Pour moi, il était juste impossible que ce fou accède au trône, qui reviendrait au roi donc le champion sortirait vainqueur. Sauf que ... Et oui, il y avait un sauf. Levant les yeux au ciel, Hönir ferma les paupières, marqua un temps d'arrêt dans son récit, laissant le vent jouer avec ses crins. L'autre n'était pas si fou que cela. Son champion se révéla être un mastodonte aussi fort qu'un lion, aussi puissant qu'un ours mais aussi rusé qu'un renard. C'est lui qui m'a arraché l’œil. Mais j'en suis finalement venu à bout, après plus de trois heures de combat. Le challenger à été mis à mort - c'était la règle. Quant à moi, j'ai passé plusieurs mois à l'abris des regard dans un grotte, à me faire soigner, à attendre que mon visage cicatrise. Mais je ne pouvais plus assurer ma fonction. Ironique non ? J'avais pu devenir le meilleur combattant du royaume, mais je ne pouvais plus assumer ma fonction. J'aurait pu. J'aurai pu continuer. Mais mon ami, inquiet de ma survie, me congédia, tout en me faisant savoir que ses sentinelles avaient repérées les traces d'un couple de chevaux - répondant à la description que j'avait faite de mes parents - passant non loin de la frontière. Et me voici. C'était long, complexe et dur a raconter, mais il l'avait fait.

▲ Chao écouta tout attentivement. Tellement attentivement qu'il ne bougeait plus un muscle, totalement accroché aux paroles de son fils. Le récit terminé, il attendit naïvement une suite - qui ne vint pas, évidemment. C'est alors que l'étalon sabino reprit ses esprits et bomba le torse, oreilles dressées, crinière au vent, tout fier de son fifils. Il lui sourit. Un peu comme il souriait à Harmonie, avec une joie non dissimulée dans le regard et un amour familial.
Je suis sûr que même ton grand-père aurait été fier. ¬¬ Lâche-t-il finalement. Oui, c'était sensé être un compliment.