∞ l'imprévu*

Socrate imprime petit à petit les mots qu'elle ose lui donner. « Une étrangère sur le trône » Murmure l'animal comme pour réaliser à haute voix les accomplissements d'Isildure.

Elle dresse l'oreille. Un sourire féroce et symbolique s'empare de son bec. Le trône ne se réserve pas. On l'obtient par le mérite ; non par la lignée ancestrale.

Socrate acquiesce, lui n'a jamais mis le nez au milieu des histoires de trônes. Bizarrement cela l'ennuie. Enfin, d'habitude ça l'ennuie. Mais lorsqu'Isildure en parle, ça n'a rien à voir. « Tout le monde n'est pas de ton avis » Remarque le mâle en remuant son encolure, faisant référence aux jérémiades des nordiques.

C'est leur problème. Isildure doute d'avoir un jour un enfant, et pire encore, n'est pas certaine que le trône lui sera réservé. Si il veut prendre sa suite, il devra en être capable et ne pas miser tous ses espoirs sur sa génitrice.

« Personne ne vient revendiquer ton trône ? Personne ne trouve que tu n'es pas à la place ? » Son ton est si innocent qu'il est difficile de comprendre qu'il parle là de politique.

Il lui porte de l'intérêt et ce n'est pas pour lui déplaire. Les questions que l'étalon lui pose la font réfléchir, l'amène vers des sujets dont elle ne s'occupe habituellement pas. Personne. Décrète t-elle avec une légère nostalgie. Qui donc sait mieux comment commander qu'un dominant lui-même ? C'est ainsi que la Reine voit les choses. Peut-être devrait t-elle étendre son esprit et imaginer les pires menaces des pires personnages ? Du plus insignifiant à la plus grande légende vivante ? Isildure est méfiante, prudente et prévoyante. Mais Isildure ne craint personne, et un jour peut-être, cette assurance la perdra.

Socrate ne sait pas, il n'a jamais dominé, n'a jamais pensé à commander. Il préfère suivre les règles qui l'intéressent et combattre celles qui le révoltent. « Comment as-tu appris ? Tu n'es pas née de parents dominants, qui t'a enseigné comment commander ? » La vie d'Isildure le passionne tant ce personnage regorge de choses qu'il ne rencontre nulle part ailleurs.

Septenrê, l'ex-dominante du troupeau, m'a choisi pouliche pour me transmettre son savoir. Un éclat de fierté traverse son regard. Et sa force. Inégalable. Quand j'eu l'âge, elle me confia son plus précieux trésor afin que j'en prenne soin. Puis elle disparu. Légèrement nostalgique.

il est trop cool, surtout avec Isildure

Il hoche la tête, comme si certains éléments lui échappaient. « Elle t'a choisi comme ça ? » Socrate dit ça plus pour se l'expliquer à lui-même et non pour questionner ce choix. « Elle a été très clairvoyante ! » Lâche l'animal qui ne savait contenir la fascination et l'admiration qu'il développait pour la Reine des Sables.

Elle offre un doux sourire à Socrate lorsqu'elle remarque toute l'attention qu'il lui porte. Elle aime bien ça, être au centre de tout. Isildure hoche la tête, oui, comme ça. Sans véritable explication quand on y pense. Et ce n'est pas finit. Confie t-elle d'un air déterminé.

Socrate lève vers elle un oeil intéressé, curieuse, brûlant d'envie de savoir ce qu'elle peut lui dire. « Dis-moi » Supplie-t-il même si sa voix veut garder son ton et ne pas se montrer pleurnicheuse.

Un regard sévère s'abat sur Socrate. Sauras-tu tenir ta langue ? S'enquit t-elle avant de révéler quoi que ce soit.

Une oreille descend contre la nuque de Socrate, il est vexé qu'elle ose poser une telle question. « Evidemment » Sa langue claque dans sa bouche tant l'intention est profonde de savoir ce qu'Isildure a en tête, de pouvoir entrer dans la confidence.

Les faibles.. Elle pose un regard bienveillant sur Socrate. Elle le connait innocent, incertain, naïf ; mais il est différent. Et elle l'apprécie pour ça Ne peuvent pas vivre dans un monde comme le nôtre. Décrète t-elle. Elle avait tenté de ne pas tenir de propos trop violents pour ne pas heurter la sensibilité de l'étalon.

Les oreilles de Socrate s'agitent au-dessus de sa tête, les mots de la dominante l'excitent et l'inquiètent. « Qui décide qui sont les faibles et qui sont les forts ? » Quémande l'animal qui ne souhaite pas être décimé, loin d'imaginer qu'il bénéficie de l'affection rare d'Isildure.