garder la face

Love doesn't discriminate between the sinners and the saints,
It takes and it takes and it takes and we keep loving anyway,
We laugh and we cry, and we break, and we make our mistakes


Myosotis longeait la rivière. L'odeur qui en remontait n'était pas très agréable et la forçait à pincer les naseaux. Malgré tout, l'odeur glissait tout de même dans ses voies respiratoires, la faisant tousser. Elle s'en éloigne pourtant que légèrement, pour une bonne raison ; elle espère que plus loin, en amont, l'eau est pure. Il fallait simplement trouver l'endroit à partir duquel elle était polluée... Elle est distraite, elle ne fait même pas attention au reste. Elle se contente de marcher là, tel un zombie.

Perdue dans ses pensées, Myosotis ne fait pas attention à ce qu'elle fait et... Se prend les pieds dans une racine. Ou dans autre chose. Oups. La tronche dans la terre, elle met quelques secondes avant de reprendre ses esprits. Elle se redresse pour observer les alentours et remarque qu'elle est maintenant couchée à côté d'une grosse masse dorée. Et beh, du coup, ce n'était pas une racine. « J'suis désolée ! » lance-t-elle à l'autre cheval avant d'essayer de se relever. Mais... Elle n'y arrive pas. Son postérieur droit lui fait mal. Alors elle se contente de s'asseoir, ce qui n'est pas très confortable mais qui suffit à lui donner un peu plus de sérieux. N'entendant pas de réponse, elle fronce le nez. Puis elle reconnait enfin l'individu sur lequel elle vient de buter. « Bah... Sueño ? » l'appelle-t-elle d'une petite voix, inquiète.

Pas de réponse. Une boule d'angoisse naît dans son ventre. Est-il mort ? Elle ravale un sanglot. Garde ton sang froid Myo. Elle s'efforce de rester calme et force sur son postérieur blessé pour se relever. Elle grimace et s'avance d'un pas pour le secouer doucement. « Sueño ? » l'appelle-t-elle de nouveau, espérant une réponse, cette fois-ci, avant de céder à la panique pour de bon.

Son ton, froid et dur, la glacent. Elle arrête de le secouer. Bon, au moins, il n'est pas mort. Myosotis réalise finalement qu'il pleure. Son cœur se serre, elle se sent triste pour lui, bien qu'elle ne connaisse pas la raison de son chagrin. Elle est comme ça, la petite fleur bleue. Elle est pleine d'empathie. Elle glisse avec tendresse ses naseaux sur les joues du mâle, pour essuyer les larmes d'argent qui y coulent en abondance. « Certainement pas. » rétorque-t-elle, ferme. Ce n'est pas négociable, elle reste et puis c'est tout. Elle sait ce que ça fait, d'être malheureux à en crever et elle ne compte pas le laisser seul à pleurer toutes les larmes de son corps.

Elle se recule d'un pas pour lui laisser un peu d'espace lorsqu'elle remarque qu'il désire se coucher en vache. Il la dévisage d'un air sombre et froid et si un frisson vient courir le long de son échine, elle n'en laisse rien paraître. Elle déteste ce genre de regard... Pourtant, elle sait qu'il n'est pas comme ça. « Je ne compte pas t'abandonner alors que tu as clairement besoin d'aide. » réplique-t-elle en abaissant légèrement ses oreilles vers sa nuque, cette fois-ci nettement plus autoritaire que les fois précédentes. C'est si rare de la voir se rebeller, la douce. Elle vient d'ailleurs se coucher contre lui et passe son encolure par dessus la sienne dans un geste empli de tendresse. « Tu peux me détester si tu le souhaites, mais je ne partirais pas. » reprend ensuite Myo. Elle sentait bien qu'il ne voulait pas d'elle à ses côtés mais elle était bornée et il en fallait plus que ça pour la faire changer d'avis.

Un léger sourire étire ses lèvres lorsqu'elle le sent enfin se détendre. C'est qu'il n'est pas facile, le fougueux doré. Ses yeux bleus parcourent le territoire rapidement avant de glisser de nouveau sur Sueño qui a désormais les yeux fermés. Il lui semble que sa respiration s'est adoucie également, ce qui est bon signe. Elle aurait tant aimé pouvoir effacer sa douleur d'un revers de la main... Mais elle n'avait hélas pas ce pouvoir. La seule chose qu'elle pouvait faire, c'était de rester à ses côtés. Et puisqu'il est plus calme, elle n'ose même plus bouger, de peur de le gêner.

« Est-ce que tu te sentirais capable de m'expliquer la raison de cette profonde tristesse... ? » demande Myosotis, sans curiosité. Elle souhaite juste comprendre afin de l'aider au mieux. Personne n'avait été là lorsque la tristesse lui avait poignardé le cœur... Et elle aurait vraiment aimé ne pas être seule. Alors, peut-être qu'il appréciera finalement sa présence et le fait de pouvoir se confier à quelqu'un...