∆ millenium

Faucon étire en coin un sourire amusé, un peu fier aussi, il faut l'avouer. Il ne la quitte pas des yeux, comme s'il surveillait le moment où il allait pouvoir se jeter sur elle pour la dévorer. Un si beau spécimen, ai-je entendu ? relève-t-il en avançant un peu vers elle, nageant dans sa direction lentement.

C'est qu'il se prend si facilement au jeu. Si facilement, si irrésistiblement. Le jeu de la proie. Et il est toujours le prédateur. Il s'en rend compte quand il la voit reculer. Quand elle prononce son nom et qu'il y sent une tension, presque de la peur. Il se fige net, un peu coupable, un peu honteux, sans que cela ne se voit nullement pourtant sur son visage. Il la fixe toujours. Pardonne-moi, dit-il simplement, avant de reculer de quelques pas pour réinstaurer la distance qu'elle a imposé.

Mais contrairement à ses attentes, elle se rapproche de lui, vient même l'effleurer. Elle le perd complètement, il faut l'avouer. Est-ce qu'elle jouait la comédie ? Est-ce qu'elle mimait la peur de la proie ? Est-ce qu'il était tellement absorbé par son rôle... qu'il ne l'a même pas remarqué ? Il la fixe droit dans les yeux, calme. Je pensais que j'étais allé trop loin. Que je t'avais effrayée en m'avançant si vite vers toi, confie-t-il, sincère.

Il est soulagé d'apprendre qu'il ne lui a pas fait peur. Son iris bleue soutient toujours le regard de la grise, sans relâche. Il affiche un fin sourire, détendu. C'est comme tu le souhaites. Il lui laisse le choix, décidant de s'adapter, de se plier aux désirs de cette inconnue qu'il commence pourtant à apprécier.

Il hoche lentement la tête, soutenant son regard paisiblement avec une certaine dureté involontaire, donnée par son regard dépareillé. Son oeil malade dérive lentement malgré ses efforts pour le garder sur elle, Faucon finit par le fermer. Je te trouverai une couchette. Il lui fait un clin d'oeil et s'approche donc de nouveau d'elle dans l'eau.

Elle ne dit rien mais Faucon reste ultra sensible par rapport à ses émotions, à ses réactions, à tout signe externe qui lui indiquerait de ralentir. De quitter le jeu. Il ne perd pas de temps pour retrouver son rôle, qu'il enfile toujours avec un plaisir non feint. Il tend l'encolure, frôle ses naseaux des siens et garde son iris bleu planté dans le sien. Ou bien.. tu peux partager la mienne, si tu veux. Un brin séducteur, il étire un sourire en coin.

Elle l'imite et cela lui plait, l'attise un peu plus. Il s'arrête juste devant elle, à peine à quelques centimètres avant que leurs poitrails ne se touchent. Il penche la tête sur le côté ; avec son unique oeil, cela lui donne un air mystérieux, presque envoûtant. Peut-être. Cela serait un problème, si c'était le cas ? chuchote-t-il, compte tenu de leur proximité, elle n'aura aucun mal à entendre sa voix aussi claire que l'eau dans laquelle ils se trouvent. Il la fixe sans relâche, insistant mais sans but de la mettre mal à l'aise. Il fait toujours ça.