spleen /

La noire observe la vue. Silencieuse, presque invisible de par son peu de démonstration de vie à la minute actuelle, elle ferme ses paupières, se laissant envahir par le vent porteur de toutes ces vies qui grouillent en bas.

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(j'espère que je peux, ça fait longtemps que je veux faire un sujet avec elle et lecherous )

Cet endroit c'était beaucoup de choses pour moi. Souvent je revenais ici, regardant le fond, repensant à tout ces paysages qui m'appartenaient avant. Nostalgique et aigri. J'admirais le fond, sans me rendre compte qu'il y avait quelqu'un d'autres, non loin.

(avec plaisir. )

Mais la noire l'a senti. Elle ne se retourne pas, pourtant. Elle ouvre juste ses grands yeux et sombres, deux vides immenses dans lequel il serait fâcheux de tomber. Elle laisse le silence l'envahir, jusqu'à se retourner au bout de longues minutes. Toujours aérienne. Toujours silencieuse, comme si elle n'était qu'un spectre. Sa tête se penche sur le côté, tandis qu'elle observe l'inconnu (aussi sombre qu'elle) d'un oeil absent.

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Le vent s'engouffrait dans mes crins, m'apportant l'odeur de la vallée. De tout ce qu'il y avait autour. Et puis d'elle aussi. Je ne réagis pas tout de suite, je ne voulais pas croiser quelqu'un. Après quelques minutes, je me reculais et jetais un vague regard vers l'inconnue. Une jument, noire. Rien d'intéressant. Je replongeais mon regard sur l’environnement, savourant cette liberté.

Le regard du noir la parcourt un instant mais ne s'arrête quasiment pas sur elle. Comme si elle était frustrée, elle renâcle légèrement, couchant ses oreilles vers l'arrière. Elle ne cesse de l'observer, attendant le moment où son regard le dérangera.

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Je sentais son regard sur moi mais ça ne me dérangeait pas le moins du monde. Je me reculais finalement, admirant le ciel nuageux. La grisaille me ravissait tout autant que la lumière. Un sourire satisfait étire mes lèvres sombres.

Lassée, Brooklyn détourne le regard, laissant sa langue claquer contre son palais en signe d'agacement. Elle n'est pas d'humeur à jouer le jeu, aujourd'hui. Peut-être est-ce un avantage pour lui, sans qu'il ne le sache vraiment.

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Pris d'un élan soudain, je repris ma marche. Je l'observais, elle qui semblait s'agacer pour je ne sais quelle raison. Amusé, je souriais vaguement, la toisant avec intérêt. Elle avait une façon de se tenir qui m'intriguait sans que je sache pour quoi. Arrivé à une distance raisonnable, je m'arrêtais pour observer un peu mieux cette sombre créature.

La noire, elle, a déjà détourné le regard. Elle regarde de nouveau la vue. De toute façon, s'il fait un pas vers elle, elle le saura. Elle le sentira. Elle le prédira, peut-être avant-même qu'il n'ait bougé. Parce qu'on lui a appris. Qu'on lui a enseigné. Qu'on a fait d'elle une machine. Une machine avec des buts bien précis. Éradiqués, les automatismes équins. Elle hume l'air, sentant encore l'odeur de l'étalon assez fortement pour savoir qu'il n'est pas allé bien loin. Ses oreilles se dressent vers le vide, comme si elle lui trouvait un intérêt passionnel. Elle a toujours aimé se tenir là, au bord d'une falaise vertigineuse. Au bord de la vie.

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Je l'observe, la détaille. Ses cicatrices démontraient une personnalité assez spéciale. Sa posture me faisait en déduire qu'elle était plutôt du genre à se battre qu'à se faire battre. Je m'avançais, la contournant, sur mes gardes. Elle ne faisait pas peur, pas le moins du monde, mais elle ne devait pas vraiment être du genre sympathique. Je rejoignait mon petit coin d'herbe, remplissant mon ventre creux. Je gardais un oeil sur la noire, identifiant chacun de ses gestes.

Elle ne fait pas peur. À personne. Aux premiers abords, en tout cas. Elle est plutôt petite, semble frêle, maigre. C'est avec d'autres atouts qu'elle intimide. Et qu'elle finit par se faire craindre. Etudiant toujours le vide, ses grands yeux noirs finissent par s'en détacher pour s'enfoncer dans les prunelles de l'étalon, qui s'est déplacé. Elle n'a toujours pas dit un mot.

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J'attendais, patiemment, que la demoiselle se tourne vers moi. Je n'étais pas pressé et j'étais plutôt patient. Finalement elle finit par poser son regard dans le miens et je le soutenais, sans mal. Un sourire narquois étira rapidement mes lèvres : elle ressemblait à un fantôme, rien n'avait l'air sain chez elle, ni son corps ni son esprit. Son regard la trahissait et pourtant il était profond. Ce n'était pas grave, ça ne m'inquiétait pas plus que ça.

Elle fait alors quelques pas, faisant jouer sous sa peau fine une musculature discrète mais trompeuse. Sur le sol, ses sabots ne font aucun bruit. On la croirait inexistante, comme si elle n'était qu'une projection mentale, qu'elle n'existait pas vraiment. Ses grands yeux noirs tombent toujours sur l'étalon. Elle décèle chez lui comme une partie intéressante. Bouffée par la présence d'une sérénité d'esprit qu'elle n'a jamais eu, mais elle trouve ce savant mélange digne d'intérêt.

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Elle finissait par s'approcher. Elle n'était pas belle, elle était plutôt du genre à faire peur. Mais ce n'était pas mon cas, je n'avais pas peur des autres. Surtout pas des comme elle. Stoïque, j'attendais, qu'elle progresse, qu'elle agisse. Comment je n'en savais rien mais je savais qu'elle allait finir par faire quelque chose. Je ne lâchais pas ses yeux, peut-être un peu envoûté ou juste passionné par cette flamme qui les animaient.

Cette flamme qui l'a dévorée de l'intérieur depuis trop longtemps. Mais elle finit par s'arrêter à quelques mètres respectables, inclinant la tête sur le côté comme elle le fait souvent. « bien le bonjour. » fait-elle avec un sourire bancal et étrange.

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