spleen /

J'avais l'impression de badiner, je me sentais très préoccupé par cette dame. Alors que, au contraire, elle ne semblait pas si intéressée. Je lui jetais de fréquents regards et une flamme étrange brillait dans ses yeux. « À quoi tu penses ? » Je rompais ce silence par un murmure rauque. Ses pensées m'échappaient totalement, je ne la cernais pas très bien alors je voulais savoir ce qu'il y avait en elle.

J'attend gentiment qu'elle me réponde, commençant à douter qu'elle le fasse. Le paysage se déclinait, petit à petit, sombrant doucement mais surement dans la nuit. Le vent était glacial et ça me ravissait. Sa réponse m'arracha un léger sourire. « Un monstre ? » Je ne la voyais pas ainsi en tout cas.

Je ne saurais dire pourquoi je la trouvais belle, dans un sens tout particulier. Elle était tellement exceptionnelle. « Je peux oser te demander quel est ce but ? » Je ne la lâchais pas des yeux, hypnotisé.

Sa réponse me faisait sourire. Un sourire un peu bordélique, m'arrachant des pensées à la fois hérétiques et pourtant si familières. Oui, je voyais très bien. Je me rapprochais légèrement d'elle, abaissant l'encolure. « Intéressant. » Excitant, aussi, probablement. Je ne saurais dire précisément l'effet qu'elle me faisait, il y en avait tant à la fois...

Je m'amusais de ses réflexes, je savais qu'il ne fallait pas que je m'approche mais je le faisais quand même, jouant avec le feu. « J'aime bien ce genre de philosophie. » Philosophie ? Depuis quand ?

« Oui, je vois ça comme ça. » Je lui souriais, me risquant à plonger mon regard dans le sien quelques secondes. « C'est une façon de voir les choses, chacun à un but plus ou moins particulier dans la vie. »

Je me laissais plonger dans les abysses de ses yeux, un curieux sourire s'égarant de nouveau sur mes lèvres. « Le pouvoir. » Je ne vivais que par ça, que pour ça. Je n'étais pas sur qu'elle puisse comprendre ce genre de choses. Mon sourire revint de plus belle lorsqu'elle se rapprochait de moi, dans un jeu indéfini.

Je détournais le regard avec un sourire, me rappelant l'époque où j'avais enfin réussi à conquérir mon territoire. J'avais eu peu de temps pour en profiter et ça me manquait terriblement. « Non. Pas pour l'instant. » Je savais que je n'avais aucunes chances contre Ramsès alors il ne servait à rien de se battre, je préférais l'avoir comme allié. Je n'étais pas encore fou.