spleen /

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C'était une étrange créature. Je me contentais de sourire pour le moment, identifiant sa voix. Elle n'était pas aussi désagréable que j'avais pu l'imaginer. « Bonjour. » Je restais courtois, froid comme à mon habitude. Je n'étais pas du genre à être spécialement aimable. Et c'était définitivement de pire en pire, je devenais aigri en vieillissant.

Brooklyn a une voix si particulière. Entre imposant le respect et la distance, et la façon qu'elle a de la rendre pourtant aérienne, presque mielleuse sans en être dérisoire. Elle le fixe droit dans les yeux, avec un fin sourire, dont on ne peut rien déceler. Il a répondu à son salut, et elle hoche patiemment la tête, avant de secouer sa fine crinière noire.

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Je n'essaye plus de la sentir, de toute façon elle est trop spéciale pour être comprise. Trop différente. J'inclinais légèrement la tête, la toisant, la détaillant de plus belle. C'était un exercice passionnant de déceler les détails, les irrégularités du corps. Les plaies, les cicatrices, les particularités physiques. Mais je n'en lâchais pas mon sourire en coin.

Toujours son sourire, toujours son regard profondément ancré dans le sien. La chasseuse ne le détourne pas, et affiche un sourire du même gabarit sur ses lèvres noircies. Ses oreilles jouent les girouettes, mais le reste de son corps est entièrement figé. Elle ne pipe mot, plongée dans un mutisme passionné et passionnant.

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Cette scène commençait en m'ennuyer. Il fallait que ça bouge, ça m'agaçait. Je m'avançais, la contournais, l'observant. Je restais tout de même sur mes gardes, ce sourire n'inspirait rien de bon. Ces cicatrices, ces cotes saillantes non plus. J'humais son odeur, m’imprégnais d'elle. C'était une expérience tout à fait intéressante.

Voilà qu'il joue à un jeu amusant. L'étude. La description. Comme si elle n'était qu'un vulgaire animal de foire. En le sentant passer derrière-elle, elle laisse ses dents claquer dans l'air et secoue l'encolure, dérangée. « Tu fais une étude ? » demande-t-elle d'une voix fluide, à la fois posée et grave, à la fois mélodieuse et neutre, laissant ses yeux le suivre, comme une malédiction.

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Je m'amusais de son comportement : elle s'énerva rapidement lorsque je passais derrière. Il pouvait y avoir plusieurs significations à ce geste et toutes m'amusaient profondément. « Il parait. » J'étudiais toujours mes collègues, elle ne ferait pas exception aux autres. Parfois j'étais discret, parfois non. Je me repositionnais face à elle, un sourire étrange étirant mes lèvres.

Mais son sourire rallume celui de la noire, décalé, bancal, indescriptible, à la fois dérangeant et séduisant. Elle incline la tête, de nouveau, comme le ferait un hibou. « amuse-toi bien, alors. » répond-elle avec un léger rire qui ressemble à un rire d'enfant.

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Son sourire me ravissait, elle était totalement flippante et filait des claques à mon palpitant. Je n'avais pas croisé de bestioles comme elle depuis un long moment et ça me fait bizarre. « Je ne qualifierais pas ça d'amusement. » Non, ce n'était pas drôle. C'était juste de la survie.

Mar 2 Sep 2014 - 19:34

Elle fait un pas en avant, d'un pas presque félin. Son regard pénétrant sur pose sur le mâle. Il est rare qu'elle s'intéresse à quelqu'un (sauf pour le tuer) mais il a retenu son attention. Quelque chose qu'elle devine d'intéressant. Elle incline la tête sur le côté, avec des yeux un peu fous. « alors comment ? »

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Patient, je la laisse s'avancer, s'intéresser. Je ne la lâche pas des yeux, absorbé par son regard qui donne tellement d'informations mais tellement peu en même temps. « Je dirais... » Je me stoppais quelques secondes, réfléchissant pour trouver le mot adéquat. « Une nécessité. » C'était vrai, je le faisais tout le temps avec n'importe qui. Sauf qu'on ne le remarquait pas toujours.

Ven 5 Sep 2014 - 12:40

Elle hausse les épaules, intriguée par sa vision de la chose. « Je vois. » répond-elle distraitement, pensive, plongée dans ses pensées. Chez elle, n'est-ce pas aussi une nécessité ? En réalité, elle n'y a jamais pensé. Elle a été formatée à agir et à penser ainsi, elle ne conçoit pas qu'il puisse en être autrement. Alors, ça lui fait drôle.

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Je m'amusais de nouveau : non elle ne comprenait pas. Elle n'était pas lucide, comme tous les autres. Elle ne voyait pas en elle, elle n'identifiait pas les choses. Tant pis. Je me rapprochais d'elle à mon tour, observant son regard qui était abstrait, ailleurs. La forme de chacun de ses os, les doucereuses cicatrices. C'était beau.

Sam 6 Sep 2014 - 11:00

À son approche, elle lui montre les dents, comme un prédateur – ce qu'on lui a appris à être depuis toujours. Pourtant, elle ne bouge pas. Se contente de s’exhiber sous son regard indiscret. De lui montrer les cicatrices qui ornent son corps taillé dans le marbre noir. Mais elle camoufle aisément celles que son apprentissage a laissé sur son âme, noircie par une éducation des plus particulières. Immobile, elle l'observe de son regard noir et sans fond, comme si sa folie n'avait pas de limites et qu'elle l'avait déjà rongée, jusqu'à l'os.

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Cet être brisé et farouche me fascinait. Elle n'était pas si différente de moi, mis à part le fait qu'elle avait perdu quelque chose en chemin. Je ne savais pas ce que c'était mais j'étais pressé de le découvrir. Je me glissais de nouveau autour d'elle, me risquant à l'effleurer, sachant que je jouais avec le feu. Mais avec elle ça m'amusait, sans que je comprenne vraiment pourquoi, j'avais envie de la pousser jusqu'au bout. Qu'elle me montre ce qu'elle ne montrait jamais.

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