where the streets have no name / a

Rêve pas trop, princesse des nains. ¬¬ Répond-il sur le même ton qu'elle. Il réfléchit, fixant un point à l'horizon. Qu'il s'ennuyait! Le sabino ronfla des naseaux, puis posa sur elle un regard joueur. Eh ben alors, mets moi à l'épreuve. Souffle-t-il, faussement mystérieux.

Mais elle lui adresse un haussement de sourcil peu crédible. Te mettre à l'épreuve par rapport à ma confiance ? Mon pauvre, si c'est ça que tu me demandes, tu ne sais pas ce que c'est que la confiance, alors ! fait-elle en lui adressant un sourire moqueur.
Puis finalement, elle s'éloigne un peu de lui de son petit pas aérien et vif, s'approchant du bord du lac pour s'y désaltérer. Un frisson l'ébranle lorsque l'eau glacée traverse son petit corps.

Sa mine enjouée changea du tout au tout. Il rabattit ses oreilles et releva la tête, la couvant d'un regard mécontent. Et elle, qu'en savait-elle? Pensait-il en songeant aux esprits qu'il avait légèrement trahis...ou même entièrement. Mais il ne se prononcerait jamais dessus. La voyant s'approcher du bord, il lui lança froidement: Eh, y a des monstres là-dedans, si ça t'intéresse. Certain qu'elle allait le contredire, il alla chercher quelque chose à envoyer sur la surface de l'eau.

Aenor s'arrête de boire et observe alors en silence l'eau noire et calme en attendant qu'il se passe quelque chose. Des monstres ? raille-t-elle de nouveau doucement en tournant sa fine tête vers l'étalon.

Il hocha la tête, puis prit entre ses dents une pomme de pin. S'approchant de la rive, il la lança le plus loin possible. Splash. La pomme de pin atterrit dans l'eau, et quelques secondes plus tard, une énorme mâchoire remplie de dents jaillit hors de la surface. Wouuuush. Et le monstre disparut aussitôt, amenant des petites vagues à grossir et s'écraser sur le rivage. Par réflexe, le sabino se plaça devant la pouliche et l'écarta de là. Fais attention. Prévint-il.

Aenor attend, avec l'impression qu'il est en train de se foutre de sa tête. Puis soudainement, une énorme rangée de dents apparaissent et disparaissent. Les yeux de la pouliche se sont agrandis et brillent d'une étincelle d'excitation lorsqu'elle tourne sa tête vers l'étalon. Mais c'est dingue ! Tu le savais ? Comment tu l'as su ? C'est énorme ! Recommence, s'il te plait ! Elle lui offre un grand sourire, dynamique.

Non. Et ils peuvent s'échouer sur le bord aussi, alors éloigne-toi. Prévint-il sans lui demander son avis, l'attrapant par la crinière pour la mettre plus en sécurité. Les lieux n'étaient plus sûrs maintenant qu'ils avaient éveillé l'instinct de chasse des monstres. Je le savais parce que j'ai de l'expérience...et que j'ai eu un très bon mentor. Claque-t-il avec une pointe de nostalgie et beaucoup de sérieux, pour une fois.

Elle est un peu frustrée de se faire traiter comme une enfant – malgré qu'elle en soit une – et grogne légèrement quand il l'attrape par la crinière pour la mettre sur le côté. Un mentor ? répète-t-elle, curieuse, les oreilles pointées vers lui. Elle est si sérieuse, parfois, malgré son jeune âge. Mon père en était un très bon aussi. Il m'a appris beaucoup de choses. Sur comment profiter de la vie et l'essouffler avant qu'elle ne nous essouffle nous.

Ma mère. Caelis avait appris beaucoup par elle-même, étant arrive pouliche et seule sur ces terres. Elle était déjà sevrée, mais quand même, elle avait vécu seule pendant un bon moment. C'est une bonne leçon. Commente-t-il. Il la dévisagea. Cette pouliche ressemblait à sa défunte mère, mais il n'en dit rien.

Elle sent son regard sur elle et le dévisage à son tour, sourcils un peu froncés. Qu'est-ce qu'il y a ? demande-t-elle un peu sur la défensive, gênée d'être dévisagée comme ça.

Rien. Fit-il d'un air méfiant. Il s'éloigna ensuite de quelques pas, regardant la surface du lac qui se nimbait d'une belle teinte orange vif. De quel territoire es-tu? Demande-t-il, souhantant la raccompagner.

Elle trouve son comportement étrange et intriguant mais ne pose pas d'autres questions. Je n'ai pas encore rencontré le dominant, mais j'ai choisi l'empire romain. Et toi ?

Je suis d'Egypte. Eclaireur. Annonce-t-il fièrement. Tu - enfin - désireriez-vous que je vous escorte jusqu'à l'empire? Propose-t-il d'un air théâtral.

Ravie qu'il reprenne ses manières et qu'il la vouvoie, la petite se redresse fièrement. Bien volontiers, monsieur l'éclaireur. Elle lui lance un clin d'oeil, avant de faire quelques foulées de trot sur le côté, l'attendant, amusée.

Suivez-moi donc. Dit-il en continuant de jouer cette comédie de bienséance. Il prit le pas, son encolure élégamment courbée, levant bien haut ses membres.