nature morte.

L'étalon est dévasté, ses émotions se mélangent dans sa tête, toutes plus douloureuses et agréables les unes que les autres. Il approche doucement ses naseaux pour venir toucher le front d'Ana, une sorte de délicate attention pour lui porter du réconfort. Il ne sait pas si elle se laissera approcher si subtilement, mais il tente de le coup. De toute façon, vu ce qu'il s'apprête à lui révéler... elle allait devoir être forte. " Je pars en guerre Anastasia. Et je... je pense que je n'en reviendrais pas. " Ses mots sont dures, douloureux comme un coup de poignard, bien qu'il essaye de rester optimiste malgré sa voix tremblante. Il s'en veut de lui faire de la peine. Il s'en veut de l'abandonner encore une fois. Mais il s'y est engagé. Sydän est un étalon loyal. Rien ne lui fera changé d'avis. Doucement, il passe ses naseaux derrière sa nuque et l'attire contre lui, contre sa large encolure et surtout... plus proche de son coeur.

En guerre ? Sa voix s'abandonna dans les aigus et perdit en intensité. Pour le coup, elle s'attendait à quelque chose d'attristant, de contrariant, mais certainement pas de cette gravité-là. À cet instant, toute sorte de pensées abrutissantes lui noyèrent l'esprit, et une sensation de malaise planait au-dessus d'elle comme un nuage noir prêt à lui déverser des gouttes acides sur le crâne. Je pense que je n'en reviendrai pas. Ces mots-là lui fracassaient le cœur à grands coups, le piétinaient avec de grosses bottines avant de le balancer contre les murs. Elle n'arrivait même plus à le regarder. Ça lui faisait bien plus mal qu'elle ne voulait l'admettre. Beaucoup de mots se bousculaient sur sa langue, mais ils refusaient de franchir le seuil de ses lèvres. Ce fut la force de son encolure enserrant la sienne qui la fit craquer. Elle pleura à chaudes larmes, son cœur tout contre celui de son étalon pie qui lui avait apporté tellement de choses… Cet étalon qu'elle avait abandonné sans crier gare, qu'elle ne méritait pas un seul instant. Un silence de mort prit possession des lieux, du peu d'espace qui les séparait, comme un fantôme malfaisant. Un silence de mauvais augure.

Un flot de larmes envahissait son regard, qu'elle finit par lever vers le pie après de longues minutes. Elle voulait lui dire des choses comme "Je ne veux pas que tu partes", "Je tiens à toi", "C'est complètement insensé, tu ne peux pas y aller, tu ne peux pas prendre le risque de mourir" mais non, c'était tellement, tellement égoïste ! Bien sûr qu'elle ne voulait pas qu'il parte à la mort ! Mais… elle avait été Reine avec lui, un jour, et elle connaissait le poids de certaines décisions. C'est important, que tu le fasses ? La survie de GS en dépend ? Sa voix était saccadée, sa vue brouillée par les larmes.

Sydän passe ses naseaux dans les crins ébènes de sa partenaire. Il réprime un frisson en constatant les terribles cicatrices qui se trouve en dessous. Mais qui a bien pût lui faire ça ? Elle vient se lover contre lui, il l'accueille doucement en enroulant son encolure autour de ses épaules comme il le faisait autrefois. Sa mâchoire reste crispée. L'étalon c'est toujours promis de protéger les siens, même au péril de sa vie. C'est un fait. Mais qu'en est-il de sa véritable motivation ? L'altruisme ? Oui, en majeure parti, mais rien d'autre ? Sydän est un étalon réfléchit, jamais il ne se lancerait dans une bataille par simple fierté, d'autant plus que compte tenu de sa maigre corpulence, il ne ferait pas long feu. Qu'est ce qui l'a motivé à participer à ce combat ? Il y a une autre raison. Pourrait-il lui avouer que si il c'était lancé dans cette guerre sans merci c'était car il était persuadé qu'elle n'était plus de ce monde ? Et ainsi en cas d'échec, la retrouver ? Non. Il ne pourrait pas lui avouer cela. Car elle refuserait qu'il se batte. Et pourtant il doit le faire, pas seulement pour lui, pas seulement pour elle, mais aussi pour les prisonniers et tout ceux qui sont morts injustement sous les coups des parias. Pour eux, Sydän devait se battre. " Je suis désolé Anastasia. Beaucoup de gens comptent sur moi. Tu connais mon sens de l'honneur, je ne peux pas et surtout ne veux pas me défiler. Les parias sont forts, ils ont déjà décimé beaucoup de nos amis, je ne peux pas les laisser faire. Notre survie à tous en dépends. " Il l'embrasse sur le front pour contraster la dureté de ses mots.

Son contact la rassurait, l'apaisait mais la situation n'était pas providentielle pour autant. Il pleuvait et faisait soleil sur son corps tout à la fois, son cœur niché dans sa prison chaude demeurait gelé. Ses traits transpiraient le désespoir. Elle ressentait le besoin impérieux de le consoler, de lui assurer que tout allait se passer à merveille ; lui dire que la vie n'avait jamais cessé, que le bonheur était toujours à portée d'âme… mais elle n'en fit rien, la lutte était perdue d'avance. Aucun as ne se cachait derrière les cartes de ce jeu abîmé. Il ne reviendrait pas sur sa décision. Et le pire, c'était sans doute le fait qu'elle n'était pas en mesure d'affirmer qu'il allait s'en sortir, grand soldat qu'il était. L'issue de ce combat était un savoir inaccessible, qui lui tiraillait l'estomac comme des millions d'aiguilles glissées sournoisement sous sa peau fragile.

Alors, elle fit la seule chose qui lui paraissait sensé à cet instant. D'un geste inattendu

et désespéré,
et vif,
et maladroit,
et fou,

elle plaqua sauvagement ses lèvres sur les siennes, y déposant toute la force de son amour, réfréné depuis trop longtemps. C'était la seule mélodie connue de son cœur.

Et elle respirait de nouveau.

Sydän reste immobile, sa queue bât tranquillement de part et d'autres de ses flancs. Anastasia quant à elle semble vide d'émotion. Comme si elle n'arrivait pas bien à réaliser. L'étalon pie reste ainsi, les lèvres collées contre le front de sa douce arabe. Il croit sentir une certaine tension sous sa peau, comme si elle semblait en lutte contre elle même. Laisses toi aller... murmure son coeur. Cri, rigole, pleure, met toi en colère... respires. et surtout, vie. Et presque aussitôt, alors qu'aucun mot n'est sortit de sa bouche, la jument vient jeter ses lèvres contre les siennes pour l'embrasser avec passion. L'entier est tout d'abord surpris, mais agréablement. Il se laisse aller à son étreinte et l'embrasse à son tour avec fougue. Une vivacité qu'il semblait avoir perdu depuis des mois, mais qui revenait naturellement aujourd'hui. Ce baiser est intense, presque intemporel, son coeur palpite, rate un battement, puis palpite de nouveau au fur et à mesure que les sensations reviennent. Il est en apesanteur, il oubli le poids des années qui l'accable. Il se sent léger, si léger...

Son cœur flottait dans des nuages de coton et son âme rêvait de grandeur. Ce baiser avait quelque chose d'explosif et de croquant, il était fait d'apesanteur et lui redonnait tout l'oxygène qui lui avait manqué pendant une période bien trop longue pour être comptée. Des vagues de chaleur se déversaient sur son corps qui reprenait vie après une certaine léthargie et des bulles de miel éclataient dans son estomac, saupoudrant sa langue d'une pointe de sucre. À moins que ce ne fût le fruit de son imagination ? Subtilement, sans même s'en rendre compte, sa carrure fragile était venue se lover contre celle du pie, créant une explosion de chaleur au creux de ses reins. La tête légèrement penchée sur le côté, Ana prolongea ce baiser comme s'il n'y avait que ça au monde qui la rendait vivante.

Sydän se laisse aller à ce baiser tant espéré. C'est si agréable. Si improbable. L'étalon à l'impression de rêver. Si tel est le cas, il prie pour ne jamais se réveiller. Le pie vient embrasser couvrir sa belle d'une multitude de baisers sulfureux, sur ses ganaches, sur son front, et dans le creux de son cou. Des baisers frivoles, érotiques. Son coeur frappe douloureusement contre sa poitrine, comme s'il cherchait à en sortir pour venir fusionner avec celui de Ana. L'entier tremble, transpire, il ne se contrôle plus. A la fois tendre et sauvage, à la fois doux et brusque. Il est tout et rien à la fois. Il l'aime. Il a envie de l'avoir prêt d'elle, et c'est tout ce qui compte.

Dans cette douce frénésie, elle oublia le reste. Elle oublia le monde, ses barrières, ce qui était bien, mal, tout ce qui la retenait. Il n'y avait qu'elle et lui, deux âmes unies, deux atomes qui ne formaient qu'une seule matière. Son corps vibrait sous la pluie de tendresse qui la prenait d'assaut, et cela libérait la folie de son être tout entier. Elle le couvrait à son tour de caresses et de douces morsures, repeignant sa peau à l'encre du cœur. Une vague intense de chaleur l'envahissait, elle ne reconnaissait même plus son corps. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas été animé ainsi, d'une telle force brute, d'une si grande dose de concupiscence… Son souffle bruyant dessinait des nuages de fumée au contact de l'air frais, et la base de sa queue commençait à la titiller. Elle tremblait, mais ça n'avait rien à voir avec la température extérieure. Sydän… Tu es mon souffle de vie. Dit-elle dans un râle, le cœur au bord des lèvres.

L'étalon est pris au piège dans un tourbillon envoûtant. Son parfum délectable, ses allures de fées, il a l'impression de faire face à une déesse. Ses lèvres effleurent chaque parcelles de son corps, même les plus intimes, comme s'il réapprenait à découvrir sa bien-aimée. Son museau glisse le long de son encolure, effleure la ligne de son dos, s'immisce timidement dans le creux de ses flancs, avant de finir sa course sur la croupe galbée d'Anastasia. Il embrasse délicatement la pointe de sa hanche avec douceur. " Tu es la lune de mes nuits, le soleil de mes jours, ma raison de vivre et mon oxygène... " souffle t il doucement. La jument est brûlante, presque fiévreuse, est-ce ça la maladie de l'amour ? L'étalon laisse glisser ses lèvres le longs de ses cuisses ardentes. Elle est si délicieuse. Une odeur de phéromones qu'il connait bien embaume son esprit. Elle est en chaleurs. Mais est-ce bien raisonnable à son âge ? Avec la guerre qui arrive ?

La chaleur inondait son corps de part en part, elle ne savait plus comment se tempérer. Il fallait à tout prix que ce feu qui crépitait dans les tréfonds de son être s'éteigne, et elle voulait que ce soit Sydän. Elle le voulait lui, plus rien d'autre n'avait d'importance. La vieillesse, la guerre, la paix, la vie. Plus rien. Ses mots glissaient sur elle comme du papier de soie et l'enrobaient de douceur - une douceur qui faisait contraste avec la tempête qui grandissait en elle, tempête de désir et de volupté. Son corps vibrait sous ses caresses, suivait les rondes qu'il dessinait, accompagnait ses moindres gestes. Elle fit pivoter sa tête vers l'arrière pour le mordiller du bout des dents. J'en ai sauvagement envie, mon amour. Mais toi… ? demande-t-elle d'une voix basse et tremblante, dominée par l'envie et l'appréhension de sa réponse tout à la fois.

Même si son être entier tremblait de désir pour son pie, elle ne voulait pas qu'il se force à quoi que ce soit. Avec la guerre, Hérézy, le poids de l'absence, l'âge qui commençait à s'imposer… Sa décision était prise, on n'avait qu'une vie. Elle ne voulait plus en perdre une seule miette. Mais le choix final lui revenait.

Sydän à le corps trempé de sueur, il est bouillant et prêt à exploser. Le bonheur que lui procure sa princesse est inouï. L'étalon piaffe, ses articulations craquent légèrement, mais sa fougue, quant à elle reste intacte, comme au premier jour. Il vient embrasser le fessier de sa gente dame avec douceur, jusqu'à ce que celle-ci vienne lui mordiller l'épaule du bout des dents. Ses morsures ne sont pas puissantes, mais piquantes, elles attisent l'excitation du mâle. Sydän vient fouiller dans la queue de sa belle avec son museau. Les hormones lui montent à la tête. Un plaisir inavouable pour un gentleman comme lui. " Moi aussi j'ai envie... plus que jamais ! " dit il d'une voix rauque et suave. Et pour la première fois de sa vie, il laisse de coté la raison et se hisse sur le dos de sa belle avec délicatesse et précipitation. Il en meure d'envie. Ils en meurent d'envie. Il est fou d'elle. Ses antérieurs viennent encerclé les flancs de sa bien aimée, l'enserrant dans un cocon protecteur fait de muscle et de soie. Il étend son encolure autant qu'il le peut pour venir déposer un petit baiser à la base de son encolure, puis se met au travail en douceur.

Raison déraison, frisson passion, plaisir désir, tout se mélangea dans sa tête lorsqu'il prononça les mots magiques. Ils étaient sur la même longueur d'onde, une fois encore, c'était une décision commune. Elle n'était qu'un bout de matière réuni avec son égal par l'essence de l'amour. Toute frissonnante, sa peau était comme du papier bulle qui éclatait au contact d'une main experte - ou, plutôt ici, d'une partie du corps intime trèèèès agréable et classée -18.

Le temps avait beau passer, le plaisir restait égal, voire même meilleur encore. Elle grondait d'excitation et écartait ses membres sous la pression du pie, courbant l'échine au maximum pour l'inviter plus en profondeur. Son souffle n'était plus qu'un long râle approbateur, témoignant du délice de la situation.

Sydän ronfle de plaisir, il est à la fois vif et doux, comme il sait faire. A défaut d'avoir la souplesse d'antan, il a l'expérience ! L'étalon enserre la jument avec douceur et fermeté, une vrai main de fer dans un gant de velours. Il gémit, couine, et grogne à la fois, profitant de cet instant de volupté. Il devine que ce sera sans doute le dernier mais il essaye de ne pas y penser. L'adrénaline que lui procure ce moment est intense, encore plus que lors d'un combat. Son coeur bât la chamade et menace de s'envoler. Son esprit quant à lui est loin... très loin. Parmi les anges au septième ciel.

(Et là il fait une crise cardiaque et meurt Razz

)

Hahaha imagine la lose ! Non, on connaît déjà la raison de sa mort hélas…

Son cœur virevoltait avec celui du pie, loin, bien loin de la Terre. Ensemble, ils voguaient ici et ailleurs, sautaient sur des nuages de coton. Leurs corps étaient unis dans une douce étreinte qui les emmenait au paradis. Plus le sablier du temps égrenait les minutes passées, plus le plaisir s'accentuait et elle se sentait venir. Dans l'ultime effort, elle se cambra complètement et un feu d'artifices explosa dans son bas-ventre, libérant le soleil et la lune, toute la force de l'univers. Sa jouissance arrivait en même temps que celle du pie, qui ne se ménageait pas pour rendre cet événement exceptionnel. Est-ce que ça allait devenir le dernier… ? Elle n'osait pas s'y résoudre, et très vite, elle chassa cette idée lugubre. Ses pensées étaient uniquement tournées vers le moment présent.

Sydän continue son bout de chemin avec frénésie, il a de l'endurance le p'tit père ! Ses coups de bassins deviennent, plus vifs, plus cadencés. Il se sent venir lui aussi et accélère la cadence autant qu'il le peut, encore, encore, et encore... jusqu'au moment fatidique où il se laisse complètement aller. L'étalon laisse échapper un rugissement puissant, aussi redoutable que celui d'un lion. Son corps tremble, frémit d'extase, tandis qu'une multitude de sensation transpercent son être. Ce n'est pas la première fois qu'il s'accouple mais ces sensations lui semblent tellement lointaines qu'il les redécouvre. Tout doucement, l'étalon reprends peu à peu ses esprits, il est trempé de sueur et ses articulations grincent mais il est sûr d'une chose : C'était le moment le plus délicieux de toute sa vie. Après quelques secondes de calme, il descend doucement du dos de sa bien aimée, libérant son intimité et vient se poster contre elle, le coeur battant.

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