nature morte.

Des perles de sueur ornaient sa peau encore tremblotante. Il n'existait pas de meilleur moment au monde que celui qui suivait l'amour, cette union des corps si unique, si forte… Elle ferma les yeux pour canaliser son énergie débordante et calmer sa respiration haletante. Dès que le pie s'éloigna d'elle, même si ce n'était que temporaire pour pouvoir s'ôter de son dos, elle se colla de nouveau à lui sans attendre ; la distance lui était intolérable.

Après un long moment de silence et de regards tendres échangés, elle vint lover sa tête contre son encolure brûlante. Sydän je… je veux venir avec toi. Là-bas. Elle ne pouvait plus imaginer une seule seconde sans lui. C'était au-dessus de ses forces.

Elle ouvrit la bouche pour répliquer, contrer. Mais à quoi bon ? La vérité venait de lui éclater en pleine figure, comme une flaque d'eau glacée. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien redire à ça ? Elle allait porter la vie, une part d'eux, au plus profond d'elle-même. Pouvait-elle accepter de mettre en péril leur futur, maintenant qu'ils ne pouvaient plus faire machine arrière ? Non, ils l'avaient choisi. Elle ne pouvait pas tout foutre en l'air sur un coup de tête, quand bien même son alter ego courrait vers sa propre perdition. Il fallait qu'elle soit forte, pour lui, pour eux. Pour la chair de sa chair.

Ana leva ses deux orbes humides vers Sydän, le cœur palpitant d'amour mais aussi de chagrin. Elle savait que le risque était élevé, et ne connaissait pas l'issue du combat. Cette peur la terrassait. Pourtant, elle décida d'afficher un sourire. Elle ne voulait aucunement être défaitiste, elle préférait avoir foi en lui. C'était la meilleure façon de l'aider, non ? Sa peur ne pouvait que se confondre avec ses propres craintes, le hanter comme de vieux démons et le mener à sa perte. Non, elle se devait d'être forte, droite, optimiste. Pour lui. Tu as plutôt intérêt à me revenir, Sydän. Parce que, où que tu iras, je viendrai te chercher. Et notre enfant te bottera les fesses.  Elle laissa échapper un petit rire fluet. Rien de mieux qu'une petite dose de légèreté pour apaiser les cœurs. Du moins, elle essayait de s'en convaincre. Jusqu'au bout, elle avait décidé de rester forte, et rien ne la ferait flancher. Même pas ces larmes sournoises qui se cachaient derrière le voile de ses iris.

Elle lui asséna un petit coup de nez à son tour lorsqu'il évoqua les Bahamas. La retraite ? Mais, on n'est pas si vieux ! Bon, peut-être que si… mais c'était dur de se l'avouer, OK ?  Comme je t'ai dit, de toute façon, je te suivrai où que tu ailles, quoi qu'il arrive. Je porterai toujours une partie de toi en moi. Souffla-t-elle, les yeux descendant vers son ventre encore plat, juste marqué par quelques cicatrices. Elle se raccrochait déjà à cette idée d'unité, de lien sacré. C'était si dur d'imaginer son absence, à cet instant. Comment avait-elle pu déserter aussi longtemps ?

Et on partira ensemble, quand tout ça sera terminé. Rien que toi et moi. Et notre +1.  Ses yeux pétillaient et une étincelle d'espoir dansait au fond de ses iris. L'espoir faisait vivre, n'était-ce pas ce qu'on proclamait ?

Elle accueillit son baiser avec bénédiction, le rendant avec tout autant de fougue, sinon plus. Oui, on partira à sa recherche. Pour ses vieux parents, il devrait bien sortir de sa cachette ! On le retrouvera avec une cape de justicier. Ironisa-t-elle, en riant sincèrement. Ce rire là, elle n'avait pas eu besoin de le pousser, et ça faisait du bien. Ses yeux pétillants rencontrèrent ceux du pie qu'elle aimait tant et ils clignèrent frénétiquement, comme s'ils venaient de faire face au soleil le plus radieux, presque trop éblouissant. J'ai hâte. Qu'on se retrouve comme ça, en famille. Avoua-t-elle à demi mot, en se collant contre lui, paupières closes.

Elle soupira d'aise aux côtés de son aimé, les sens en alerte, le cœur palpitant de bonheur, les yeux pétillants. C'était un vrai havre de paix. Tu sais que ça fait au moins 15 ans qu'on se connaît ? Et on ne s'est jamais mariés. 

Elle rit, avant de prendre le même ton léger. Dommage, je me serais bien vue à tes côtés dans un événement si romantique… Tu sais, se rouler une grosse pelle devant le curé, manger le gâteau dans le dos des invités, boire toute la réserve de champagne et s'envoyer en l'air bourrés 

Elle lui fit un petit clin d'œil amusé et railleur. Bien sûr que si, c'est moi qui t'ai tout appris. Allez vas-y, montre-moi ce que tu as retenu, que je te regarde. Enfin, que je te dévore du regard. 

Tu sais bien que je ne sais danser que la valse. Tu vas donc devoir te remuer la croupe autant que moi. " Et sans attendre, il se met à tourner autour d'elle, l'invitant à en faire de même.

C'est bien parce que c'est toi. Elle rit de bon cœur et se joignit à lui pour quelques pas de danse malhabiles. Son encolure se colla contre la sienne, chaude, douce, reposante. Elle ferma les yeux et imagina une musique dans sa tête, pour guider leur ronde. Tu es devenu bien endurant dis donc. Comme quoi, l'âge ne veut rien dire.