/ sirènes.

Pour toute réponse, Lov se contente d'abord de sourire finement, avant de lui donner un petit coup d'épaule amical. Tu sais, quand j'étais jeune, je disais toujours que je ne voudrais jamais d'enfant  Et elle en avait aujourd'hui deux, même si elle en avait mis un de plus au monde.

Rien. Devant cette réponse qui pouvait laisser Aulia dans l'incompréhension, Lov hausse les épaules. Tu sais, si on me demande aujourd'hui, je te dirai encore que je n'en veux pas. Mais parfois, à certains moments, on ne peut pas prévoir. Disons que je n'ai jamais voulu d'enfant sauf au moment où ils ont été conçus.

Lov affiche un sourire amusé. Elle ne s'était jamais imaginée dans le rôle d'une conseillère sexuelle, pas avec son casier judiciaire à elle  Pour moi, le désir n'a rien à voir avec les chaleurs. Si tu as du désir pour quelqu'un, disons que les chaleurs l'amplifie. Si tu n'en as pas, ça n'en fait pas naître pour autant quand elles sont là. J'ai été attirée par certains, mais mon envie d'avoir un enfant avec eux ne s'est révélé qu'à ce moment-là. Ce n'est pas tout à fait vrai. Pas pour elle. Mais le vice qu'elle subit n'appartient qu'à elle et à ceux de son espèce.
Ceux de sa famille, surtout. Dégénérés, déréglés, en proie à des démons aveuglants quand il s'agit de pouvoir faire une connerie monumentale. Ça avait été le cas pour son grand-père et, surtout, pour son père, qui l'avait conçue dans un accès de folie avec sa propre soeur. Et il faut croire qu'elle n'a pas été épargnée.

grave moi aussi  

Ah mais elle a pas dit à Tata Lov qu'elle avait un copain !  - nottons le surnom parfaitement approprié de Tata Lov(e) - La lionne observe calmement Aulia, sans la prendre pour une enfant, parlant avec elle comme elle parlerait à une adulte. Peut-être est-ce ça que la jeune rouanne recherche, au fond. Sujet plus délicat à approcher avec ses propres parents sûrement. Surtout connaissant le tempérament de Hooker  Tu peux lui expliquer. S'il t'aime, il comprendra et ne cherchera pas à te pousser là-dedans. Elle s'entend prononcer des mots auxquels elle ne croit pas elle-même. L'amour n'existe pas. Et s'il existe, il n'est qu'un sentiment vicieux et pervers. Et puis, et si ce "copain" était de la même trempe qu'Asmund, et qu'il ne voulait que la faire souffrir ? Un sentiment de protection nait chez elle, sans savoir pourquoi, envers la jeune rouanne, mais elle ne dit rien pour l'instant. Qui est-ce ? demande-t-elle par curiosité.

Le nom ne lui dit rien. Elle le note néanmoins. Si jamais il lui fait du mal, elle ira lui donner une bonne correction qu'il ne sera pas prêt d'oublier  Bah, tu sais.. Alors tu peux le faire en dehors des chaleurs. C'est sympa aussi et puis au moins, pas de risque d'avoir un gosse sur les bras  Elle avait longtemps cru qu'on ne pouvait avoir une relation approfondie avec quelqu'un seulement pendant cette période-là, d'où le nombre de ses erreurs sûrement, mais elle avait bien vu, notamment au bal, qu'on pouvait se permettre un écart ou deux sans prendre de risques.

La question plonge Lövojka dans un tourbillon de souvenir sucré-salé. Des images amères autant qu'elles ont été acidulées. Elle pourrait dire qu'elle a oublié, qu'il y en a déjà trop eu. Mais ça serait mentir. Elle n'a jamais oublié cette étreinte avec le serpent. Elle s'ébroue, s'extirpant avec lenteur de cette mélancolie ténébreuse. Ils se ressemblaient trop. Sans doute se seraient-ils dévorés l'un l'autre s'il n'était pas mort avant. Il s'appelait Akan. Je sortais tout juste de l'adolescence. Leader d'une rébellion qu'elle avait soutenu, qu'elle avait vécu à ses côtés jusqu'à devoir s'imposer face aux dominants dont certains étaient... les rares amis qu'elle avait pu avoir dans sa vie. Jusqu'à trahir les siens, elle l'avait suivi, persuadée qu'il voyait juste, persuadée qu'elle partageait sa vision du monde. Une chevauchée terrible qui l'avait conduite à recevoir la monnaie de sa pièce bien des années après.

Mais étonnamment douce et détendue, la lionne la rassure d'un simple sourire. Tu ne l'as pas été. Sinon, je n'aurais pas répondu, contre-t-elle avec un clin d'oeil, laissant les souvenirs reprendre leur place et s'effacer, peu à peu. Ça fait longtemps que t'es avec ton copain ?