Errer sans destination.

► Suite avec Lunaio.

Voilà, ses pas sans surprise l'avaient mené vers un territoire qui lui était inconnu. Un territoire fermé, dont une énorme bâtisse de pierres semblait interdire l'accès. Elle était immense, infranchissable, et pourtant Mönn, esprit aventurier qu'il était, chercherait, un passage, une erreur, une fragilité dans cet épaisse frontière.

Il s'arrêta, jetant un œil à la demoiselle qui l'avait accompagné. Était-elle surprise? Il n'en savait rien, mais lui qui n'avait jamais rien vu de tel semblait satisfait de cette découverte. Il observa malgré tout sa réaction.

- « Es-tu déjà venue jusqu'ici? »

- « Bienvenue dans le vagabondage. » répondit-il, presque en souriant.

Il ne s'arrêta pas pour autant, continuant de longer cette immense muraille. Après un instant de silence, il reprit enfin la parole, évoquant ses intentions.

- « Il doit forcément y avoir un passage... » lâcha t-il presque dans un soupire.

Ses yeux ambrés, scrutaient les moindres recoins, quand par chance il sembla apercevoir plus au loin une brèche assez grande pour qu'ils y passent.

- « Là... » désigna t-il d'un coup de museau dans la bonne direction.

Plus il s'approchait, plus ses yeux confirmaient ce qu'ils avaient cru apercevoir plus tôt. C'était parfait, et surtout une chance. Lorsque sa compagne de route parla devant la brèche, il s'arrêta surpris. Tiens, serait-elle un peu aventurière? Il sourit, faisant une révérence séduisante et théâtrale, un air enjoué dans son attitude :

- « Après vous chère Madame. »

Il se redressa, sourit en coin, et attendit qu'elle s'y aventure avant de lui emboîter le pas, relativement curieux de ce qu'ils pourraient découvrir par la suite...

Splendide, ce gourmand paysage. L'herbe était verdoyante, grasse. La végétation était tout simplement luxuriante et aucun sentier ne témoignait du passage de quelconque autre équidé. Seraient-il seuls?

- « Waw waw waw... » dit-il à voix basse.

Ses yeux ambrés reflétaient le paysage, puis la silhouette de Lunaio apparu. Il sourit.

Il l'a regarda d'éloigner, et s'abreuver dans un ruisseau au son cristallin. Qui disait ruisseau, disait rivière, et Mönn regarda en amont, voir si cette étendue d'eau en mouvement finirait par apparaître à son regard, mais rien. Il reprit le pas, suivant silencieusement le sillage de la demoiselle, avant de s'arrêter lui aussi, se rendant compte que la soif commençait à se manifester.

Son encolure s'abaissa, ses naseaux effleurèrent l'eau claire, puis il bu quelques gorgées d'eau fraiche qui irradièrent sa gorge d'un flux délicieux. Ses oreilles néanmoins, restaient concentrées sur les alentours. Chants d'oiseaux, de battements d'ailes, d'écureuils croquants leurs noisettes, le crissement des feuilles sous la fine brise. L'endroit était pittoresque, il ne voulu pas briser le silence en premier.

Il acquiesça calmement.

- « C'est vrai... »

Il observa Lunaio, cela semblait en effet l'apaiser. Il était lui, confronté entre l'envie d'en connaître davantage sur elle, et le fait de ne pas vouloir la déranger dans son repos psychique. Alors, il restait là, bêtement, compagnon de fortune pour quelques instants.

Endurer? Mönn n'en avait pas le sentiment.

- « Tu dis cela car tu es trop dure avec toi-même. Tu es loin d'être un fardeau. » souffla t-il doucement.

Il la regarda un instant. Pourrait-elle oublier cette piètre opinion d'elle-même juste une journée?

Souhaitait-elle découvrir davantage?

- « On voyage encore un peu...? » il marqua une pause. « Si je peux tenter de vous surprendre une bonne fois pour toute. » dit-il, un sourire et regard en coin.