Errer sans destination.

« Parce que tu as besoin d'aide. » commença t-il, comme si cela était évident. « Et que je reste persuadé que tu ne mérites pas tout ce qui t'es arrivé, combien même tu aurais pu fauté de quelconque manière que ce soit. » Il la regarda doucement. « Tout le monde fait des erreurs. »

Au fond cela était la vérité. Ce qu'il ne dit pas c'est qu'il la trouvait touchante.

« Je sais... » qui aurait pu croire le contraire?

Serait-ce raisonnable de le prendre de front? Heymönn l'aurait bien fait, mais il avait déjà fauté par le passé et il savait que ce n'était pas la bonne chose à faire, bien qu'il mourrait d'envie de s'interposer. Il avait bien une idée en tête pour empêcher l'inévitable, mais cela l'impliquerait plus qu'il n'imaginait. Et pour le coup, le compte à rebours pour passer à l'offensive serait terriblement raccourcis. Il ne dit rien de plus alors, savourant ce mélange entre leur souffle. C'était voluptueux.

Il y avait un risque, que le fruit de ce pacte devienne un des leurs. Le risque qu'elle ne puisse le protéger de leur torpeur. Mais il y avait cette possibilité, fragile et si tonnante à la fois : celle qu'il soit différent. Devait-elle blâmer cet être qui naîtra en elle, alors qu'il n'aura jamais choisi quel est son père géniteur? Comment réagir? Mönn était doué pour apprendre de son ennemi, pour élaborer des stratagèmes, mais il y avait malheureusement bien des points qui lui échappaient. Quand il avait des difficultés pour aider les autres, il regrettait parfois d'être comme tout le monde : imparfait.

Il tenta alors de raisonner dans le domaine où il excellait.
Il aurait pu lui dire : garde cet enfant, élève-le, fais de lui quelqu'un de bien, défi Ramsés par le bonheur que tu lui inculqueras. Mais non, ça ne marchait pas comme ça.

« Il te tuerait sur le champs. » Mais pas si je suis là.

Il la regarda se lever, ses mots étaient durs.

« Acceptes-tu alors? De récupérer ce qui t'as été volé? »

Relança t-il dans le calme, après tout il n'avait pas eu de réponse concrète et il voulait s'assurer au moins qu'elle essaierait, et que rien ne serait fait en vain. Il se leva ensuite, l'observant.

Il lui offrit un sourire en guise de réponse, un simple sourire qui se suffisait à lui-même. Il jeta un dernier coup d'oeil à ce lieu, pensant que l'heure était venue d'en sortir, s'il ne se trompait pas...

Non pas encore voulu t-il exprimer. Mais le doux contact de ses naseaux contre les seins était si agréable que cela lui aurait fait mal de s'en séparer aussitôt. Il assura un contact plus assuré mais tout aussi délicat, avant de retirer calmement, sachant qu'il ne fallait pas être gourmand.

Il pris la suite, constatant alors en la voyant devant, qu'elle était plus adroite et vive que lui dans cet étroit passage. Avant de sortir complètement il s'arrêta et regarda en arrière. Soudainement ce dont il s'était rendu compte nourrit ses idées plus encore. Il rejoint Lunaio quelques secondes plus tard, accélérant tout de même le pas. La lumière était encore vive, mais le jour était déjà bien avancé.

« Tu veux aller quelque part? » Ou nous quittons-nous là, éphémèrement?

Non trop facile.

« Tu me surprendrai? » dit-il en affichant un nouveau sourire, mêlé entre douce taquinerie et petit défi.

Il lui adressa un clin d’œil, complice.